Un amour de Dracula par lonewolf38
Le très mystérieux Mr Thorn s'intéresse de près à un tableau de la Renaissance italienne, un portrait qui malgré la signature de Vérrochio qu'il arbore pourrait bien être l'œuvre d'un artiste en devenir à l'époque prénommé Léonardo.
De quoi attiser bien des convoitises, surtout quand il s'avère que le dit tableau représente Helen, sœur du roi Mathias de Hongrie qui fut la femme du célèbre Dracula durant cette même époque.
Quels sont les mystères qui entourent ce tableau, qui est ce Mr Thorn qui semble en savoir bien plus qu'il ne le dit, et surtout quels terribles et effroyables secrets ce tableau va t'il faire apparaitre au grand jour, pourquoi est il entouré de larmes et de sang.
Fred Saberhagen continue sa revisite du mythe de Dracula, ce coup ci il nous invite dans une histoire à deux niveaux, l'un de nos jours dans une histoire très classique avec une intrigue plutôt bien menée et surtout très bien complétée par le deuxième niveau qui lui va nous plonger dans l'Italie de la Renaissance et les pérégrinations de Dracula dans cet univers de complots et de conflits.
Le roman se base sur diverses réalités historiques pour nous en offrir une relecture à la flamme du plus célèbre des vampires, qui va continuer sous la plume de Saberhagen à prendre corps dans un personnage plus humain et plus touchant que le vampire original décrit par Bram Stocker.
Il va surtout lever le voile à la fois sur les origines du mal qui l'habite, et sur son passé humain, tout en nous offrant une occasion supplémentaire de le voir aimer ce qui le ferait presque passer pour un cœur d'artichaut si l'expérience était courante ce qu'elle ne semble pas être.
Aussi puissant qu'il puisse être, ce roman va nous montrer les limites de ses pouvoirs, ainsi que nous éclairer sur un monde et un univers beaucoup plus complexe que ne le laissait imaginer le roman de Bram Stocker, Fred Saberhagen va compléter le schéma qui va nous faire habiter le monde d'autres créatures de la nuit, de mystères profonds et de complots de pouvoir.
Son personnage a encore évolué depuis les précédents romans, il ne cesse de prendre de plus en plus de facettes humaines le rendant chaque fois plus complexe et pourtant plus intéressant sans le dénaturer de trop, en effet le Dracula de Saberhagen n'est quand même pas un enfant de chœur, ce n'est pas une créature sanguinaire, mais ça n'est pas non plus une créature qui a pour but ou pour vocation d'aider son prochain.
Dracula est un être à part, un égocentrique profond qui n'en demeure pas moins sujet aux sentiments et qui va en traverser toutes les palettes dans ce roman, jusqu'à un dénouement qui loin de finir en apothéose ou en happy end, va clôturer une histoire riche en rebondissements et en intrigues diverses.
Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, force est de reconnaitre que Fred Saberhagen dépoussière de manière convaincante un personnage classique pour qu'il prenne corps dans notre monde contemporain.
Pour ma part je me suis laissé entrainé, j'ai adhéré à ce Dracula, j'ai pris plaisir à suivre ses questionnements, à me perdre dans les méandres de son esprit complexe et torturé, à le voir en proie au doute, à la douleur, à la rage même.
Il n'en est apparu que plus sympathique et surtout donne envie de le connaitre plus en détails encore, soulevant des parcelles de sa vie comme on regarde sous une nappe pour admirer les nœuds du bois qu'elle recouvre.
Autre détail, l'édition que je possède propose en Postface la véritable histoire du prince Vlad Tepes et tente de décrypter le mythe qui a sa source à la fois dans l'histoire et les événements passés, ainsi qu'un éclairage sur une partie des mythes et légendes associés à ce personnage.
Cette postface signée de Jacques Goimard est parfois indigeste, mais elle est intéressante et je dirais surprenante par bien des aspects et des informations qu'elle contient, bref un petit bonus bien agréable.
