Le thème des zombies ne date pas d'hier. On peut même dire que, de nos jours, cela cours les rues...Entre les jeux-vidéo (Resident Evil ...), les films (L'armée de Morts, ...), les bandes dessinées (High School of the Dead...). Peut-on encore être original ? Où est-ce qu'un livre tel que « Un blog trop mortel » ne pourra être qu'une pale copie de ce qui a déjà été fait ?


"Un blog trop mortel"; le titre déjà parait légèrement maladroit, voire carrément cliché! ...Et le résumé n'arrange rien: une jeune fille, Allison Hewitt, accompagnée d'une poignée d'autres personnes, doit survivre dans un monde qui s'est soudain retrouvé truffé de zombies. Ce thème a été vu et revu dans une myriade de films, bandes-dessinées, jeux-vidéo... Rien de bien original, donc! Et pourtant...

Pourtant, ce livre se trouve être une bonne surprise si on prend le temps de le lire, et il trouve toute son originalité dans la façon dont le sujet est traité. En effet –et comme le titre l'indique –ce livre se présente comme un blog, chaque chapitre étant un « post » différent, commençant par une date et un titre (« 19 septembre 2009 – Hache, mon amour » (p.16)), continuant avec un texte récapitulant la journée (ou, parfois, les quelques jours) écoulée et terminant par des commentaires (« Mel – 21 septembre, 14 :35. La Nouvelle-Orléans est tombée. J'essaie par la mer, peut-être que Cuba est intacte » (p.37)).
Ce blog est « écrit par Allison » et, Allison n'étant pas une espèce de psychopathe maniaque de bains de sang, ne se concentre pas sur les combats. C'est ainsi que ce livre se différencie d'autres histoires de zombies dans lesquels les rudes combats pour la survie de l'espèce humaine prenne une part important : ici, les combats à la hache et à la batte de base-ball, s'ils sont bien présents au début du livre, s'effacent rapidement au profit d'une description, voire parfois d'une réflexion sur les conditions de survie (hygiène, nourriture...), la gestion du quotidien en temps de crise (malgré la situation, on prends le temps de fêter l'anniversaire de l'un, de confectionner un costume d'Halloween pour l'autre...), les perspectives d'avenir (sera-t-il possible de recréer une société nouvelle ?), la gestion de ses sentiments et des relations avec les autres, sa propre identité ! Car dans de telles circonstances « Collin n'est plus un professeur ni Ted un futur biochimiste. Moi, je ne suis plus qu'une survivante » (p.151).

Si la simple idée de morts qui sortent de leur tombe vous glace le sang, soyez sans crainte ! Il ne s'agit pas, ici, de « vrais » zombies, mais de personnes bien vivantes aux départs qui sont victimes d'une sorte de virus ; de par ce fait, ce livre ne peut être qualifié de « fantastique » mais plutôt de « récit catastrophe », dans lequel on explore ce qui pourrait se passer si...
Dans le même ordre d'idée, si vous ne supportez pas de lire un bouquin en vous demandant sans cesse si le héros sera toujours vivant à la page suivante, « Un blog trop mortel » peut parfaitement vous convenir : l'héroïne, Allison, écrit le blog et le lecteur peut donc être sûr que, quel que soit la situation décrite dans le message du jour, qu'elle s'en sortira. Il est même dit clairement dès les deux premières pages du livre qu'elle vivra très vielle et que le monde sera sauvé (pas de fon apocalyptique, donc).

Le problème de ce livre, c'est qu'il nous laisse un petit goût de trop peu. Les évènement qui ont permis l'essor des « Infectés », ainsi que ceux qui ont permis de les neutraliser, ne sont que survolés...Et la façon dont l' « épidémie » à pu se répendre partout sur terre en même temps n'est jamais porté à la connaissance des lecteurs. Cela peut bien sûr s'expliquer par le fait que ce sont des informations qu'Allison n'a pas et ne peut donc pas écrire dans son blog, mais cela reste frustrant !
Point de vue narration, on a parfois l'impression que l'auteur oublie qu'il est sensé s'agir d'un blog, tellement elle utilise des éléments propres au roman : dialogues, paroles introduites par des tirets, utilisation du présent...(« Je la saisi et me relève. Je me sens faible, j'ai très faim. Collin me voit tituber.
- On va te trouver à manger et un coin où te reposer.
- Et Ted, mon ami ?
- Lui aussi est le bienvenu. Au fait, comment t'appelles-tu ? »
...(p. 148))

En résumé, contrairement à ce qu'on pourrait croire au départ, ce livre ne s'adresse pas aux accros du gore, qui seraient certainement déçus, mais convient très bien aux « autres », les lecteurs qui ne sont que peu attirés par les histoires de zombies, ou qui veulent se lancer dedans en commençant pas un livre « soft ».

Notons qu'avant d'être un livre, « Un blog trop mortel » était bel et bien un blog, toujours disponible sur le Web à l'adresse suivante : http://helptheyarecoming.wordpress.com. Il semblerait même que les commentaires que l'on retrouve en fin de chaque chapitre soient bel et biens de « vrais » commentaires d'autres utilisateurs qui ont décidé de se prêter au jeu...

Références :
ROUX, Madeleine. Un blog trop mortel. Paris : Fleuve Noir, 2011. Collection Territoires. 420 pages.
Floche
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le 22 avr. 2012

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