Le narrateur est né au royaume du Kongo en 1583, il souhaite raconter son histoire, les croyances et les légendes de son peuple, évoquer la folie des hommes, leur grandeur et leur bassesse. Il nous conte les origines de son peuple et les débuts de l'esclavage où les êtres humains sont considérés comme des marchandises. Vendre ses voisins, ses amis ou même des membres de sa propre famille pour gagner toujours plus d'argent. Devenu prêtre, il console et est à l'écoute du petit peuple. Nommé par son roi ambassadeur au Vatican, il va s'embarquer pour un long et périlleux voyage qui va l'emmener sur un océan, deux mers et trois continents, de l'Afrique au Brésil, de Lisbonne à Madrid puis à Rome. Sur un vaisseau du roi de France Henri IV, sur le navire d'un pirate sanguinaire, sur des chemins pendant plusieurs centaines de kilomètres poursuivis par les soldats de la Sainte Inquisition, des cachots de Tolède aux ors du Vatican, un formidable roman d'aventures.
L'auteur par son talent de conteur et la force de ses descriptions nous entraine dans la fureur de l'océan lorsque le vaisseau est malmené comme un vulgaire ballot de chiffon, dans le ventre du navire où l'on entasse le maximum d'êtres humains, hommes, femmes, enfants. Nous partageons les conditions épouvantables des esclaves, les odeurs de sueur, d'urine et d'excrément, les vivants mélangés aux morts, les jeunes filles à la merci des désirs sexuels des hommes d'équipage soumis à des règles de vie simples et sommaires, obéir et se taire, ne jamais réfléchir. Nous sentons monter la rancoeur des esclaves, la révolte qui gronde, la mort plutôt que la servitude, nous assistons au bain de sang pour réprimer l'émeute. Nous parcourons le marché aux esclaves de Lisbonne où un cheval se vend vingt fois plus cher qu'un homme.
Dans cette fresque historique Wilfried N'Sondé nous raconte l'histoire vraie de Nsaku Ne Vuanda un homme profondément humaniste et son destin singulier, et à travers lui le XVIIe siècle avec son trafic d'êtres humains organisé pour valoriser les terres colonisées par l'Espagne et le Portugal dans le Nouveau Monde et la richesse des palais pontificaux habités par des cardinaux uniquement préoccupés par des considérations bien éloignées de Dieu qui est devenu pour eux un instrument pour assouvir leurs ambitions personnelles
Le lecteur ne s'ennuie pas tout au long des 270 pages de ce magnifique roman.