Une place à prendre par MrsLilBiscuit
On ne sait pas où se déroule l’intrigue, Ecosse, Angleterre ou Galles, mais le village de Pagford semble le parfait théâtre d’une comédie à l’anglaise !
Pagford, petite ville tranquille se réveille tout doucement après la mort de Barry Fairbrother, membre du conseil paroissial. Alors qu’il faut désigner un successeur, les ambitions se dévoilent, les clans se forment et la population va s'entre-déchirer pour récupérer son siège. Barry Fairbrother, symbole de la réussite, était un homme aimé et détesté mais surtout engagé pour sa ville et la Cité HLM des Champs dont il était originaire. Les Champs est un quartier situé aux frontières de la ville où vivent concentrés chômeurs, drogués et immigrés.
M. Mollison, président du conseil paroissial et farouche opposant à Fairbrother sur la question des Champs, tente coûte que coûte de tirer les ficelles de la ville afin de faire élire son fils. L’enjeu est important car la fermeture d’une clinique pour drogués et l’expulsion de la Cité des Champs sont au cœur de l’élection. Le successeur de Barry Fairbrother fera basculer la balance vers le clan Mollison ou bien vers le clan fidèle à Fairbrother. Au cœur de cette histoire la vie des habitants de Pagford, le point de vue de chacun sera abordé mais tous sont à leur manière lâches, intéressés et mesquins… même les plus jeunes !
On connaissait le style volubile de l’auteur d’Harry Potter mais ce que l’on ignorait c’est son penchant pour la satire sociale et son goût pour la misère humaine à coup de scènes toutes plus glauques les unes que les autres. Véritable rupture dans l'écriture, J.K. Rowling nous donne à lire un pavé (700 pages) à l’ambiance assez lugubre rempli d’injures quotidiennes, d’humiliations où les adolescents sont livrés à eux même pendant que les adultes se déchirent. L'auteur ne choisit pas de personnage principal mais prend le parti de réaliser une fresque avec pas moins d'une cinquantaine de protagonistes. Une galerie de personnages tous aussi attachants les uns que les autres mais tous aussi détestables.
Les critiques au Royaume Uni ont accueilli le roman de J.K.Rowling en saluant une certaine filiation avec Charles Dickens. Personnellement, je le rapprocherai de Short cuts de l'américain Robert Altman. Cette comédie à l'anglaise est tellement dense qu'il est facile d'imaginer une adaptation au cinéma ou à la télévision. La BBC est d'ailleurs déjà sur les rangs pour l'adapter en mini série. Au final, J.K. Rowling nous livre un bon roman mais pour l'apprécier il faudra réussir à se détacher des Harry Potter et aimer le genre "roman choral".