Philippe Vasset grandit dans la région orléanaise, région qui vit aussi la naissance de l'aérotrain de Jean Bertin. Cet engin, censé être le train rapide du futur ne connut jamais le succès, mais les infrastructures, gros blocs de béton, monorails et terrasses elles aussi en béton restèrent, faisant la joie des jeunes des alentours, des amours qui avaient besoin de se cacher et des solitaires comme Philippe Vasset qui aimait passer du temps sur la terrasse, en hauteur. C'est sa relation avec l'aérotrain et surtout avec ses vestiges que l'auteur raconte dans ce livre.


Le moins qu'on puisse dire c'est que l'on n'est pas dans un livre maintes fois lu. Original, d'abord parce que c'est l'histoire de l'auteur, ensuite parce qu'il parle d'un projet fou et inventif qui ne fut jamais exploité et d'une relation forte entre l'enfant puis l'homme et la machine et surtout l'infrastructure qui permit à icelle d'être testée. L'homme qui se définit lui-même comme "Toxicomane de l'aérotrain" n'aura de cesse de le mettre en avant, de sauver ce qui reste, allant jusqu'à tenter de s'approprier la terrasse sur laquelle il passait de longues heures.


Plus globalement, Philippe Vasset parle d'aménagement du territoire, d'urbanisation, de sauvetage des sites industriels qui n'ont pas toujours la côte contrairement aux sites historiques, et pourtant on peut faire des choses très bien avec ce genre de lieux (cf. le Hangar à bananes de Nantes et tout le site des Machines de l'île).


Il parle aussi de lui et de cette étrange attrait pour l'aérotrain : "Toxicomane de l'aérotrain, j'essayai de tempérer mon addiction par d'autres substances. J'entamai une collection de routes abandonnées, pour voir si elles me procuraient des sensations aussi fortes que le viaduc de Jean Bertin" (p.134) et des dérivés qu'il va chercher un peu partout, des routes abandonnées, des immeubles vides, ...


Très bien écrit, on ne s'ennuie pas grâce à une construction en quatre parties, inégales en nombres de pages mais qui allègent le propos. Voici un récit pas banal, qui, semble dans la veine de ce qu'écrit Philippe Vasset, puisque son Journal intime d'un marchand de canon était déjà très bon.

YvesMabon
7
Écrit par

Créée

le 28 sept. 2018

Critique lue 116 fois

Yv Pol

Écrit par

Critique lue 116 fois

D'autres avis sur Une vie en l'air

Une vie en l'air
PamélaR1
7

Comment vas-tu ? Des nouvelles de Philippe Vasset

« Qu’est-ce que je fais là ? », se demanda-t-elle, arrivée au pied de la rampe de béton précontraint. Elle terminait un mauvais apéritif orange conditionné en petites bouteilles façon champagne, et...

le 1 juil. 2019

Une vie en l'air
YvesMabon
7

Critique de Une vie en l'air par Yv Pol

Philippe Vasset grandit dans la région orléanaise, région qui vit aussi la naissance de l'aérotrain de Jean Bertin. Cet engin, censé être le train rapide du futur ne connut jamais le succès, mais les...

le 28 sept. 2018

Du même critique

La Couleur des choses
YvesMabon
10

Critique de La Couleur des choses par Yv Pol

Précisions liminaires : Martin Panchaud est suisse et cet album est paru d'abord en langue allemande en 2020 avant de trouver un éditeur français. Il vient d'obtenir au salon de la bande dessinée...

le 13 févr. 2023

6 j'aime

Zemmour contre l'histoire
YvesMabon
10

Critique de Zemmour contre l'histoire par Yv Pol

J'ai du mal à saisir la ligne éditoriale des éditions Gallimard qui publient ces tracts hautement instructifs et intelligents et qui, il y a quelques années voulaient publier les pamphlets...

le 6 mars 2022

6 j'aime

Hoka Hey!
YvesMabon
10

Critique de Hoka Hey! par Yv Pol

Très belle grosse bande dessinée. Traits, couleurs, paysages, personnages très soignés pour un ouvrage de qualité. Les paysages sont superbes, on se croirait dans un film. Les personnages ont tous...

le 7 mai 2023

5 j'aime