Un mois seulement après avoir refermé Vernon Subutex, je mesure déjà l'épaisseur spectaculaire de la couche d'oubli qui s'est déposée sur mes souvenirs et mes impressions de lecture.
Puisque la réputation de Miss Despentes la précède, je m'attendais résolument à une expérience rugueuse, trash, à une lecture inconfortable et dérangeante, moi qui suis plutôt, si je suis honnête, une petite chose assez vite effarée et pas du tout friande du logo rouge.
Et bien non. J'ai davantage le sentiment d'avoir infusé dans un grand bain d'eau tiède, un truc vaguement plaisant, inoffensif et pas vraiment captivant. En particulier, j'ai trouvé la "bande de son" du roman et les nombreuses références au monde musical particulièrement assommantes.
La personnalité de Vernon Subutex est elle aussi trop carencée. On assiste à sa lente et inexorable glissade vers le néant, mais sans vraiment comprendre ce qui se joue chez lui dans cette absence totale de ressort ou de rebellion.
La structure en passage de relai, dans laquelle Vernon Subutex fait office de témoin, est elle par contre très réussie et constitue le carburant principal - et peut-être unique - de la lecture. Elle imprime un rythme et propose par la galerie des personnages traversée, une variété de perspectives assez appréciable. J'ai également bien aimé le lyrisme un peu onirique des dernières pages.
Au final et à l'heure du bilan il reste, pour un sujet pourtant dénué de complaisance, une sorte de fadeur, de mollesse qui en tout cas pour moi, sonne sans hésitation le glas de la suite de la trilogie et sans doute aussi du reste de l'oeuvre de la Despentes.
Bon vent à Vernon, mais ce sera sans moi.
Amitiés,
Dustinette