J'appréhendais sa lecture car j'ai toujours eu beaucoup de plaisir à lire "du Despentes" mais les critiques dithyrambiques que l'on peut lire un peu partout m'ont fait traîner un peu des pieds...un bon vieux restant d'esprit de contradiction va t'on dire.
Mais la lecture a été à la hauteur de mes espérances! Une Despentes toujours aussi directe, au langage brut de décoffrage mais aussi sensible, poignante, réaliste et tellement humaine! Oui, humaine car il s'agit sans nul doute d'une comédie humaine.
C'est d'ailleurs troublant tant il y a de personnages. Je dois dire que je me sentais un peu perdue parfois en commençant un nouveau chapitre avec un énième nouveau personnage. C'est sans doute le seul reproche que je lui ferai : trop de personnages tue LE personnage. On finit presque par en oublier Vernon...
L'atmosphère fleure bon les années 80 et même si je ne connaissais pas toutes les références musicales, c'est un vrai plaisir de se sentir submerger par toute cette "musique".
Vernon est le disquaire que je n'ai pas connu, mais il ressemble au libraire que j'aurai pu croiser gamine, à celui chez qui j'aurai usé mes semelles ado et enfin, au pote que j'aurai pu avoir (étant moi-même libraire de formation).
C'est ce qui est incroyable avec Despentes : ses personnages sont tellement réels, charnels et présents que l'on a vite l'impression de les avoir croisé, ou de les connaître.
L'atmosphère décrit est celui d'une société qui va à vau- l'eau et qui perd ses valeurs, tout comme Vernon perd tout ce qui l'entoure.
Hâte de lire le 2e tome !
On sent bien la pointe de nostalgie et la critique de cette nouvelle société devenue aussi violente que les mots qui la décrivent et aussi toxique que les substances qui l'imprègnent.
Une comédie humaine qui rend sa place à l'humanité dans un monde où les valeurs sont devenues celles que l'on nous impose, non celles que l'on défend.