"Vers la nuit" d'Isabelle Bunisset : Céline c'est moi

Passer de chroniques viticoles à un livre sur les derniers souffles de Louis-Ferdinand Céline, passer de l’analyse œnologique des plus grands crus à l’analyse stylistique d’un des plus grands si ce n’est le plus grand écrivain du XXème siècle, vous trouvez la bascule difficilement réalisable ? Et pourtant, Isabelle Bunisset propose avec Vers la nuit publié chez Flammarion, un premier livre entièrement consacré au médecin de Meudon. Un ouvrage paru en janvier 2016 et qui, un an et demi plus tard, semble valoir le détour pour les adorateurs comme pour les pourfendeurs de Céline.
Exercice de style obtus mais réussi ou pâle tentative de reprise de la plume de l’auteur de Mort à crédit ? Lettres it be vous en dit un peu plus.


La bande-annonce


30 juin 1961 : dans sa mansarde de Meudon, Louis-Ferdinand Céline est sur le point de mourir. Mettant un point final à «Rigodon», son roman testament, il évoque son parcours littéraire, ses déconvenues et sa déchéance.


L’avis de Lettres it be


Chroniqueuse viticole pour Le Figaro Magazine, journaliste, chargée de cours, depuis peu à la tête d’une société de conseil en communication, Isabelle Bunisset est une hyperactive. Partout, tout le temps, elle promène son esprit vif et sa plume aguerrie à l’exercice journalistique en se confrontant à bien des thématiques, bien des domaines. Des domaines qui vont du vin comme dit, mais aussi vers l’actualité littéraire et surtout, vers Louis-Ferdinand Céline, à qui elle a consacré une thèse dont le thème n’était autre que « La dérision dans les premiers romans céliniens ». La somme de 15 années de travail qui donne à comprendre, à penser, à chercher encore ce que Céline peut vouloir dire, dans tous les sens du terme. Peu de hasard alors lorsque l’on retrouve le nom d’Isabelle Bunisset dans l’étagère de notre librairie du coin avec un livre consacré à l’abhorré génial Céline. Et pourtant, quel pari osé que ce livre …


Un premier ouvrage donc qui se dédie entièrement aux dernières heures du Docteur Destouches. De longues heures qui vont le mener doucement mais sûrement vers une passe d’armes ferme et définitive. Des dernières heures rendues suffocantes, haletantes, sombres par Isabelle Bunisset qui réussit à adopter l’extrême équilibre d’une écriture qui ne singe ni ne travestit jamais celle de Céline. Tout est question de mesure, tout est dit à la première personne, Bunisset devient Céline, la fin de l’odyssée prend la forme de ses lignes. Le style frôle et flirte sans cesse avec celui de Céline, c’est une évidence, mais l’on sent toujours poindre, page après page, une plume gorgée d’admiration et de profond respect pour celui qui reste comme les deux revers d’une médaille qu’on s’échine encore et encore à vouloir dissocier.


La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be : https://www.lettres-it-be.fr/critiques-de-romans/auteurs-de-a-%C3%A0-e/vers-la-nuit-d-isabelle-bunisset/

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le 12 nov. 2017

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