Je n’avais encore rien lu de Martha Grimes. Je ne connaissais donc rien de l’univers du commissaire Jury, du sergent Wiggins ou du vieux dandy Melrose Plant. J’ai donc été très étonné de plonger aussitôt dans une Angleterre aussi désuète. On boit du thé toute la journée et du whisky le soir, dans des verres en cristal, assis dans des fauteuils de cuir damassé, un plaid sur les genoux. On sonne le majordome à l’aide d’une sonnette reliée à un cordon de velours. On dit « bigrement » et « certes ». On habite Ardry End et on est très excité lorsque la mort frappe à proximité.
Mais ce qui m’avait enchanté chez Agatha Christie m’insupporte radicalement ici. Je ne sais s’il s’agit d’un hommage appuyé à la grande dame, une coquetterie d’écrivain ou s’il s’agit de ces clichés stupides qui incarnent aux yeux des Américains basiques l’essence même de la britannicité. Si je veux me replonger dans l’univers merveilleusement suranné de la vieille Angleterre, je lis l’original.
Quant au roman, je n’ai pas grand-chose à en dire, je n’ai pas pu aller jusqu’au bout. Vertigo 42 (très select bar à champagne londonien du dernier étage de la Tour Vertigo) est un rappel (hommage ?) à Hitchcock - bien sûr. Il fait référence au vertige comme déclencheur dramatique – évidemment. Les fausses pistes sont nombreuses - cela va de soi et le coupable (que je ne connais toujours pas) est sûrement quelqu’un auquel on ne s’attendait pas – c’est encore plus évident. Rien de nouveau donc. On ne peut pas dire que Martha Grimes renouvelle le genre.
L’écriture est lourde, voire pesante et les dialogues, d’une rare banalité. Le récit est émaillé de digressions continues n’ayant rien à voir avec l’enquête – le prix du whisky, la recette du cheese-cake, le pucage des chiens, etc… qui cassent un rythme déjà bien hésitant et est rempli également de ces « erreurs de script » qui agacent, au cinéma, les spectateurs attentifs : Jury continue de boire dans un verre qui est vide depuis deux pages etc…Quant aux personnages, ils sont si nombreux et aux noms si ressemblant, qu’on finit par ne plus savoir les identifier, ce qui est parait-il, un mal récurrent chez l’auteure.
Bref, pour un coup d’essai, c’est un coup raté.

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le 25 avr. 2017

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