Fiche technique

Titre original : Vesoul, le 7 janvier 2015

Auteur :

Quentin Mourron
Genre : RomanDate de publication (pays d'origine) : 10 mai 2019Langue d'origine : FrançaisISBN : 978-2956234920

Résumé : Début janvier. Un jeune cadre prend le narrateur en auto-stop. Ils roulent jusqu'à Vesoul, en Haute-Saône. Rapidement, les événements s'enchaînent: les deux hommes sympathisent, se découvrent une même envie d'adhérer au monde. Ils fréquentent tour à tour un salon du livre, un festival des sexualités, un congrès entrepreneurial. À la manière de Bouvard et de Pécuchet modernes, ils s'enthousiasment pour les discours et les pratiques les plus contradictoires. À leur insu, ils inventorient les ridicules de notre temps, ils cartographient l'époque. Ils se passionnent tantôt pour la littérature locale, tantôt pour le voguing – danse née dans l'underground new-yorkais des années 70 – tantôt pour la poésie sonore, tantôt pour les plats cuisinés à base de sorgho – qui a récemment remplacé le chia dans la catégorie des graines tendances. Les deux personnages sont nomades. Ils évoquent ces picaros du seizième siècle, avides de dévorer le monde, prêts à tout risquer pour un moment de plaisir. Mais ces deux enthousiastes se heurtent à la réalité sinistre dessinée par tous ceux qui refusent le nomadisme, le picaresque, la légèreté. Les sédentaires – religieux, nationalistes, populistes – leur donnent la réplique. Trois jours durant, les affrontements s'enchaînent entre les deux camps. On s'injurie copieusement, on se tape dessus, on se lance des projectiles. On suit les personnages qui tour à tour se jettent dans la mêlée ou tentent de négocier leur survie. Les événements se succèdent jusqu'au vertige, jusqu'à l'hallucination. Comme le dit l'un des personnages, « le monde entier est à Vesoul et Vesoul est le monde entier. » Picaros contre sédentaires. On lit en filigrane la montée des populismes en Europe, l'explosion de la violence sociale, la détresse des populations marginalisées, le fanatisme religieux comme réponse absurde à l'absurdité du monde. Au fil des pages, on rit noir, on rit jaune. On finit par ne plus rire du tout. La comédie est abouchée à la tragédie. Le roman se termine le 7 janvier 2015, tandis que la rédaction de Charlie Hebdo est prise d'assaut par un commando de terroristes. Les écrans des smartphones retransmettent le drame en direct. Le fameux hashtag #jesuischarlie se popularise. Et si les attentats font de nombreux heureux – un sentiment de liesse est très nettement palpable sur certains réseaux sociaux – ils seront rapidement réduits aux marges, annihilé par la puissance des discours et des hommages. En d'autres termes : les sédentaires ont gagné une bataille, les picaros ont remporté la guerre. Vesoul, le 7 janvier 2015 est le livre de l'insignifiance, des discours creux, des vies pour rien et des morts gratuites. Avec ce sixième roman, Quentin Mouron se place dans les pas du Beckett de Molloy ou du Gombrowicz de La Pornographie voir du du Marcel Aymé de La Jument Verte, et signe une farce à l'arrière-goût de tragédie.