Je n’avais jamais entendu parler de Robert Malaval avant de lire ce roman, de cet artiste au parcours singulier, aujourd’hui reconnu et exposé mais qui finira tristement sa vie un jour d’août 1980 avec une balle de 22 long rifle dans la bouche.
Dans Visible la nuit, Franck Maubert, écrivain et passionné d’art, retrace le parcours de cette figure de l’art contemporain des années 70 à travers un roman où il est évidemment question de cet artiste à part et incompris, mais aussi et surtout de Paris, de cette période charnière de la société où l’on passe du disco au punk, où le quartier des Halles voit s’ériger le centre Pompidou. Un quartier que connaît bien l’auteur pour y avoir vécu quelques années aux côtés de Malaval et d’autres artistes plus ou moins obscurs.
C’est grâce à des amis communs, dont Jean-Marc Roberts, que Franck Maubert, surnommé à l’époque Mao-Mao, fait la connaissance de Robert Malaval. Originaire de Nice, ce grand gaillard, fan des Stooges, des Stones et de Dylan rejoint la capitale dans les années 60 pour faire connaître et développer son art.
Incompris du public et de la critique, Malaval proposait des créations très "rock’n’roll" et trop provocantes pour l’époque. Son caractère difficile et son alcoolisme notoire n’arrangeant rien, l’artiste sombre peu à peu dans la déprime mais ne se décourage pas malgré les échecs... jusqu’à finir dans un sorte de happening au centre culturel de Créteil où il assure un travail de commande sous le regard médusé de passants tantôt interloqués, tantôt méprisants.
Avec ce très beau roman, Franck Maubert, à l’époque âgé d’une vingtaine d’années et fasciné par le bonhomme, rend un hommage pudique et passionné à cet artiste maudit, à la vie incroyablement dense et mouvementé. On croise au fil des pages, très tard la nuit, au coin d’un bar ou dans une ruelle sombre, des personnages étranges, des oiseaux de nuits de l’époque : Alain Pacadis, Jean-Pierre Léaud, mais aussi Malcolm McLaren et même Aragon qui proposera un soir aux deux hommes de le raccompagner chez lui.
Livre à l’authenticité indéniable, témoignage sincère d’une époque riche, marquée par les les excès en tout genre, Visible la nuit n’est peut être pas le roman le plus en vue de cette rentré littéraire 2014 mais c’est sans doute l’un des plus touchants et sincères que vous pourrez lire.


https://www.hop-blog.fr/visible-la-nuit-de-franck-maubert/

BenoitRichard
8
Écrit par

Créée

le 23 déc. 2019

Critique lue 24 fois

Ben Ric

Écrit par

Critique lue 24 fois

D'autres avis sur Visible la nuit

Visible la nuit
SPDD
8

Malaval-des-fleurs

Franck Maubert trace le portrait de Robert Malaval artiste des années 80, reconnu comme "Glam Rock" et mort par suicide dans son atelier. Avec bienveillance et lucidité douce, Maubert dévoile...

Par

le 10 juil. 2019

Du même critique

Le Mans 66
BenoitRichard
5

Critique de Le Mans 66 par Ben Ric

Déçu par Le Mans 66, film dans lequel je n'ai vu qu-une banale histoire de rivalité, pleine de testostérone, de vroum vroum et de "c’est qui meilleur" ? Certes les voitures sont belles, la...

le 16 nov. 2019

25 j'aime

1

Antoinette dans les Cévennes
BenoitRichard
5

décevant

Difficile pour moi de comprendre la quasi unanimité critique autour du film de la réalisatrice Carole Vignal dans lequel on suit une femme partie randonner dans les Cévennes sur les traces de son...

le 20 sept. 2020

24 j'aime

2

Petite Fille
BenoitRichard
8

émouvant et nécessaire

“Quand je serai grande, je serai une fille”, répète Sasha depuis qu’elle a 3 ans. Sasha est une petite fille comme les autres sauf qu’elle est née garçon. Malgré la présence d’une famille...

le 1 déc. 2020

21 j'aime