Le lien : http://wp.me/p2X8E2-E3


Le texte :
Mars 1953. Dans une chambre d’hôtel, R. Litzky enregistre quatre femmes, quatre anciennes muses du poète futuriste Valdimir Maïakovski, parler de lui, de sa poésie, de son (in)humanité, de ses engagements. Sont présentes Lilia Iourevna Brik (la sœur d’Elsa Triolet…), Elly Jones (Elisaveta Petrovna Siebert de son nom de jeune fille russe), Tatiana Iakovleva du Plessix (créatrice de chapeaux à New York et marié à un diplomate français) et Veronika Vitoldovna Polonskaïa (dite Nora).


Elles ont toutes connues plus ou moins intimement le poète russe dont la vie tournait autour de trois thèmes récurrents, par ordre d’importance : le sexe, sa poésie et la révolution russe (celle de 1917). Ou serait-ce : la révolution russe, le sexe et sa poésie ? Ou alors…


Chacune apporte une pierre à l’édifice fragile de cet homme qui n’a fait que douter toute sa vie malgré toute la volonté dont il pouvait faire preuve dès qu’il était en face d’un autre être humain et qui a fini par se suicider.


Erotomane, poète fantasque qui passait sa vie à être en désaccord avec tout le monde pour avoir simplement le plaisir de s’opposer à quelqu’un ou quelque chose, soutien déçu mais indéfectible de la révolution prolétarienne, Vladimir Maïakovski a fini par céder devant la disparation des trois piliers de son univers mental : en but au mépris d’une nouvelle génération d’étudiants le traitant de vieux schnock, en but à la résistance de Nora, en but à une révolution dévoyée par Staline… il ne peut plus faire face à la peur de la solitude, de la vieillesse et de la mort.


La forme du livre est particulièrement réussie : sous forme de retranscription d’un enregistrement à bâton rompu entre quatre anciennes muses poético-sexuelles du poète dont une qui s’est toujours refusé à lui, les échanges qui servent à dresser un tableau de la vie du poète, et à travers lui d’une Russie en plein changement, sont pétillants de malice, de jalousie, de bons mots, de truculence, de mauvaise foi, de passion et d’amour, à l’image de la vie. Si chacune porte un aspect de la vie du poète, chacun porte également sa propre façon de s’exprimer qui crûment, qui avec retenu, etc…


Un excellent moyen de découvrir des personnages méconnus du grand public tout en se passionnant pour cet échange entre quatre personnalités tour à tour touchantes ou énervantes, passionnées ou colériques. Un livre qui ouvre plein de perspectives pour ceux qui voudraient creuser le futurisme, Vladimir Maïakovski, ses muses, la révolution russe, Pasternak (aussi).

Ga_Roupe
6
Écrit par

Créée

le 19 mai 2016

Critique lue 201 fois

1 commentaire

Ga Roupe

Écrit par

Critique lue 201 fois

1

D'autres avis sur Vladimir M.

Du même critique

Les Echoués
Ga_Roupe
9

Un livre magnifique sur les migrants, d'une poignante actualité

Le lien : http://wp.me/p2X8E2-uf Le texte : « Les échoués » de Pascal Manoukian est le récit de trois sans-papiers venus en France d’horizons lointains mais tous différents : Virgil vient de...

le 4 sept. 2015

4 j'aime