Ça y est ! Après avoir lanterné des années, avoir subi le harcèlement constant de plusieurs de mes ami(e)s m'enjoignant de lire La croisée des mondes, c'est fait !


Outre la paix sociale que je viens ainsi d'acheter, je dois reconnaître que leur enthousiasme était amplement justifié, et que j'ai passé un très agréable moment de lecture, qui m'a fait regretté qu'il n'y ait pas eu de tels série romanesque pour jeunes quand je l'étais, jeune.


Car si la trilogie (ici regroupée en un seul pesant volume) s'adresse bien à des ados, on est loin de ce que je pouvais me proposer l'édition jeunesse quand j'avais 13 ans !


D'abord, une courte présentation.


L'action nous narre (en tout cas au début) l'histoire de Lyra, une jeune orpheline placée en pension par son oncle au sein de l'établissement universitaire d'Oxford. Sauf qu'on comprend assez vite que ce n'est pas l'Oxford que nous connaissons et que si ce monde est proche du nôtre, il est cependant très différent. ¨Pour commencer, tous les gens qui y vivent sont accompagnés d'un daemon (à prononcer démon), sorte de familier animal qui les accompagne partout et qui est capable de parler !


Ces daemon sont étroitement liés à leur compagnon humain, à tel point que faire du mal à l'un fait du mal à l'autre. C'est d'ailleurs l'une des très bonnes idées de Pullman, mais on y reviendra.


Lyra, en bonne enfant romanesque va aller mettre son nez là où elle n'aurait pas dû, et se retrouver embarqué dans une série d'aventures aux conséquences insoupçonnables.


Voilà pour le synopsis.


Je dois dire que j'ai particulièrement apprécié cette trilogie, même si le tome 2 m'a paru un ton en dessous (on sent que c'est un tome de transition). L'univers est captivant, les personnages hauts en couleurs, aventure et mystère sont bien dosés... bref, c'est du tout bon.


En lisant le premier tome, on ne peut imaginer l'engrenage dans lequel on vient de mettre le doigt. Ce qui apparaît de prime abord comme un pur roman d'aventure dans le tome un, se révèle peu à peu comme un vaste roman initiatique / philosophique, et habité d'un sentiment de révolte qu'on ne soupçonnait pas.


Dés le tome deux, l'ambiance change. On reste dans le roman d'aventure, mais les enjeux sont moins évidents, le ton plus grave. On sent que Lyra a changé, que quelque chose en elle s'est brisé (et si vous l'avez lu, vous savez quoi).


Là où le tome 1 offrait une résolution évidente, avec une construction sous forme de "chasse au trésor" : je cherche telle chose, je dois aller à tel endroit", et ce jusqu'à résolution (croyait-on), ce n'est plus le cas ensuite.


Le roman (par commodité, je vais traiter la trilogie comme un tout. Après tout, c'est comme ça que je l'ai lue) brasse énormément de concepts : religion, physique, éthique, spiritualité, sentiments... Philip Pullman n'a pas peur de viser haut et ne prend vraiment pas ses lecteurs pour des imbéciles, et ça, ça fait plaisir !


Je ne veux évidemment pas trop en dire, mais vraiment, l'utilisation qu'il fait de tous ses éléments est très maligne, et nous propose, l'air de rien, une relecture intéressante de notre histoire, notamment religieuse.


À ce titre, l'idée des daemons est très maligne. Comme déjà dit précédemment, dans le monde de Lyra, tout le monde en a un. Ils peuvent changer de forme tant que l'individu est un enfant, mais finissent par adopter une forme définitive à l'adolescence.


Même si la question n'est jamais explicitement tranchée, ils paraissent être comme une personnification de l'âme de leur compagnon (au sens large, et pas uniquement religieux du terme) et être une part constitutive de leur personne.


On apprend d'ailleurs dans le dernier volume de la trilogie, que même dans les autres mondes (dont le nôtre fait partie), les gens ont un daemon, même s'ils ne peuvent pas forcément le voir.


L'utilisation qui en est faite dans le roman est très intéressante, et très habile, puisqu'on met un certain temps avant de bien saisir la nature du lien existant entre un individu et son daemon. S'il y a bien des indices disséminés tout au long du récit, à aucun moment Pullman ne prend le temps de clairement nous définir les daemons, nous laissant supputer, imaginer et finalement définir tout seul comme des grands ce qu'ils pourraient être.


Toujours ce soucis de ne pas nous prendre par la main et de laisser le lecteur trancher.


Le final est réellement ébouriffant et touchant (les deux) et si je n'ai pas versé ma petite larme, c'est sans doute parce que j'ai fini ma lecture au bout de la nuit, trop fatigué même pour ça.


La croisée des mondes, c'est beau, c'est exaltant, c'est profond, et ça ne prend pas les gens pour des cons. Qu'est-ce qu'on pourrait possiblement rêver de mieux pour une lecture jeunesse ?

M_le_maudit
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le 10 sept. 2019

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M_le_maudit

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