Alice au pays des merveilles par Draly

Alice a ça de similaire au Dracula de Bram Stoker d'être décevante car inférieure aux œuvres qu'elle a inspirées, les surréalistes ou les parodies de Pratchett en tête.

Le Magnum Opus de Lewis Caroll a malheureusement vieilli, entre autres car il est terriblement ancré dans son époque. Une partie de la force de l’œuvre tient dans ses nombreuses références, culturelles et historiques, familières aux nobles de la société Victorienne mais qui pour la plupart n'entrent pas du tout en résonance avec les miennes, ou même (je suppose) avec celles du lecteur moyen. La lecture du livre seul en est rendue difficile puisque ce dernier ne se suffit plus à lui-même. On peut alors choisir de traiter ces références comme symboles à (sur)interpréter, ce, qu'il me semble, beaucoup ont fait. Malgré tout, à mon sens, il manque assez largement de matière à interprétation et il me paraît peu judicieux d'aborder une œuvre du 19e siècle avec une grille de lecture postmoderne ou, pire, psychanalytique.

Une autre de ses qualités est, à priori, son style ; et il est là tout à fait possible que la traduction française n'ait pas aidé à mon appréciation du conte. Plusieurs fois j'ai eu l'impression de déceler l'ombre d'un jeu de mots traduit littéralement et je suis à peu près sûr que plusieurs dialogues ont été complètement réécrits pour conserver une progression par associations phonétiques et non logiques. Peut être aurais-je préféré une version originale, je ne sais pas.

Toujours est-il que l'univers qui nous est ici présenté, dans tout ce qu'il peut avoir de merveilleux ou absurde, fait maintenant partie intégrante du paysage culturel collectif. A la lecture du livre aujourd'hui plus rien ne paraît surprenant ou même ne serait-ce qu'original, deux qualités qui ont pourtant joué un rôle important dans la reconnaissance et le succès qu'a rencontré le livre. Si l'émerveillement ne prend plus, que le parti pris de l'originalité n'est plus pertinent, que les références ne sont pas comprises et le style quelconque, que reste-t-il donc à Alice ? Son influence, et c'est déjà beaucoup.