Dites, c'est un roman ou le compte-rendu d'une campagne particulièrement peu inspirée de Donjons et Dragons ? Non mais y a de quoi douter quand même :



  • Pressé par le temps, le MJ n'a rien trouvé de mieux que reprendre la trame globale du Seigneur des Anneaux, avec une guerre à grande échelle qui n'est en fait qu'un écran de fumée pendant qu'un petit groupe de héros voyage en toute discrétion au cœur du pays des méchants pour les vaincre. (Et si vous aviez cru que l'Anneau Unique était une allégorie mal troussée de l'arme nucléaire, c'est dans ce livre que vous découvrirez une véritable allégorie mal troussée de l'arme nucléaire.)

  • La quête des héros est une série de voyages disjoints entre des donjons bateaux où ils doivent affronter des monstres et résoudre des énigmes.

  • La magie évoque fortement les jeux de rôles les plus éculés qui soient, avec des réserves de mana qui s'épuisent petit à petit, des écoles de magie aux philosophies opposées, des mages qui dressent des boucliers avant le premier tour de combat et des noms de sorts débiles du type CuirePizza ou DétruitTout.

  • En accord avec le cliché habituel, l'école de magie dont le nom contient un X et un K est évidemment la méchante.

  • L'univers ne démontre pas une grande capacité d'imagination non plus, comme l'illustre la carte : un continent vaguement rectangulaire coupé en deux dans le sens de la largeur par une grande chaîne de montagnes, avec les méchants à l'Ouest et les gentils à l'Est (d'accord, il y a quelques méchants à l'Est aussi, mais c'est davantage une question de différences d'opinion).

  • Les personnages sont insipides et interchangeables, leurs dialogues sonnent faux et leurs réactions relèvent souvent du grand n'importe quoi ; la palme revenant à la mère de famille éplorée qui se transforme en vamp prête à sauter sur le premier venu en une poignée de pages. Difficile en plus de s'attacher à eux tant ils crèvent à un rythme soutenu et dans des conditions peu héroïques, c'est comme si Ned Stark était mort dans une embuscade en quittant Winterfell à la page 50 du premier tome du Trône de Fer. Ceux qui ne crèvent pas ne sont pas forcément mieux lotis pour autant, plusieurs d'entre eux n'ont même pas de nom alors même que le récit adopte leur point de vue à plusieurs reprises !

  • Le style est remarquablement médiocre : des phrases courtes, souvent disjointes, qui rendent l'action confuse par endroits et inintéressante le reste du temps. C'est presque drôle de voir à quel point ça tombe à plat par moments, la palme revenant sans doute à cette fin de chapitre où un personnage est curieux de connaître le cri de guerre des Ravens. Barclay essaie de faire monter la sauce, mais il s'avère que c'est simplement « Ravens, avec moi ! », un cri tellement générique que je n'ai pas pu ne pas éclater de rire.


Bref, c'est très mauvais et ce ne sont pas les deux-trois idées vaguement originales qui vont sauver les meubles. Je ne pensais pas écrire une critique, mais à voir la pluie de 7 et de 8 décernés à cette chose, je me suis senti obligé. Si vous avez envie de lire ce livre, essayez plutôt de vous procurer un livre de règles de D&D pour faire une partie avec vos potes, ça ne pourra que difficilement être moins enrichissant et vous aurez au moins le plaisir d'une interaction sociale agréable.

Tídwald
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le 25 nov. 2015

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