Régis Jauffret choisit d'explorer le concept de pervers polymorphe dans ses manifestations les plus extrêmes. Son héros tour à tour gigolo ou proxénète, meurtrier et parricide, raconte les horreurs dont il se rend coupable au quotidien sur un mode strictement factuel, comme s'il était parfaitement naturel de violer ou de défenestrer son prochain, d'abuser de pauvres aveugles, de prostituer et d'assassiner les faibles. Parti de pas très haut, le narrateur tombe assez vite très bas, en conservant un flegme quasi imperturbable – un léger inconfort est vraiment le sentiment le plus fort qu'il puisse éprouver – qui finit par créer une espèce de comique de répétition. On pense à Sade bien sûr, mais à un Sade qui aurait totalement cessé de croire à ses fantasmes... Un Sade qui saurait que le "coït" ou la "pénétration" même innombrables et extravagants, ne soulagent pas de la peur de mourir. Ce n'est pas inintéressant mais c'est à réserver aux amateurs de litterature expérimentale.