Tonton Arthur.

Avant l'Eden , mieux connus dans le monde anglophone sous le nom de la première nouvelle de ce recueil The Nine billions names of God , est donc un recueil de nouvelles de science-fiction écrites par l'écrivain britannique Arthur C.Clarke entre 1945 et 1961. Paru en 1967 de l'autre cotée de la Manche , il fut publié en France en deux temps : une première édition chez J'ai Lu en 1978 , et une réédition complète pour le même éditeur quatorze ans plus tard . Je possède par exemple l'édition de 78 et à la place d'un splendide éphèbe brandissant une kalach du futur , je me retrouve avec une illustration digne des colonnes de Buren - non pas que cela m'horripile , mais comprenez ma déception sachant que j'avais acheté ce livre en me fiant à l'illustration , totalement mensongère qui plus est , de ce recueil.
Avant l'Eden est donc divisé en dix neufs nouvelles , plus ou moins courtes , ayant comme lien commun l'exploration spatiale et l'astronautique. Arthur C. Clarke est un auteur d'hard-science réputé , étant semble t-il à l'origine des satellites géostationnaires d’après le grand W. On retrouve d'ailleurs dans ce recueil deux nouvelles passé à la postérité : Les Neufs Milliards de noms de Dieu qui est un pont extraordinaire entre la théologie et le monde de la science fiction , mais aussi La Sentinelle qui n'est rien de moins que le prototype de ce qui deviendra par la suite la série des 2001 , 2010 , 2061 et 3001.
Pour moi , ce fut l'ultime lecture science-fictionnelle de cette année 2016. Acheté sur un coup de tete , et souvent reporté , je n'aurais pas pus imaginer de meilleure manière pour conclure une année pareille en beauté. Écrivain scientifique avant tout , C.Clarke nous rappelles aux sources même de ce genre littéraire qui a aujourd'hui - heureusement ou malheureusement - dévié à plusieurs reprises de sa trajectoire initiale pour nous conter des histoires un peu plus surréaliste , mais toujours plus profonde.
Chez C.Clarke , il y a ce style épurée , mais aussi ces timides incursions au grès de ces nouvelles au creux des volontés macérés de ses protagonistes , humains. La beauté mélancolique de La mort ou le sénateur qui est au passage un cri d'alarme auprès des investisseurs spatiaux de son époque , mais aussi la contemplation d'Hors du soleil sont quelques exemples. Ici , l'écrivain britannique nous démontres , parfois mollement , l'étendus de son outillage littéraire qui ne s’arrête donc pas à des récits de science-fiction à papa , où la plausibilité et la rêverie prévaut sur la sensibilité de n'importe quel protagoniste plongé dans les ténèbres du voyage sidéral.
Un agréable petit recueil qui aura , apparemment , fait bien plus de bruit que son aspect , externe , d’impersonnalité laisserait prétendre. Outre donc La Sentinelle qui est à la source même de 2001 : L'Odyssée de l'espace , ce livre aura influencé le monde de la science-fiction jusqu'à la dérision avéré de la série de Matt Groening Futurama dans laquelle on retrouve un hommage aux Neufs milliards de noms de Dieu. C'est toujours drôle de comprendre une référence auxquelles les autres téléspectateurs acquiescent posément. Rien que pour ce sentiment de supériorité , mais aussi pour enrichir votre horizon culturelle en matière de science-fiction , vous devez lire ce recueil ! Il n'est certes plus aussi simple à dénicher , mais les brocantes sont vos amis.
Bonne lecture à tous , et bonne année 2017.