Un livre qui respire la justesse et qui sent le vrai.
Anne Pauly, avec une grande sensibilité, nous entraîne dans les tumultes de la fin d’une vie, celle de son père.
La déchéance de cet homme, la tristesse des hôpitaux, la mort qui n’attend pas, le choix surréaliste du cercueil, le vide, le bordel, le regret, les souvenirs, tout y est raconté comme si l’enterrement s’était déroulé hier.
Avec des passages désopilants qui nous décrochent des sourires, ce récit réalise à merveille ce qu’Alain Badiou appelle le « gris » : dans ce conte funeste, on puise de l’espoir, de l’amour, et ça réchauffe le cœur.
Seulement voilà, toujours le père, encore le père… Il y a comme une complaisance à se délecter des figures masculines « brisées » qui constituent pourtant le grand socle toxique de notre société paternaliste.
Du déjà-vu donc, et une désagréable impression que l’auteur se refuse de parler de sa mère décédée qui, elle, aurait déjà reçu un peu trop d’encensements à son égard, et qu’il fallait quand même réserver au « pater » une sublimation de son personnage violent et alcoolique.
Mais il faut savoir guérir, avancer, faire son deuil ; telle était sans doute la démarche d’Anne. Et Anne a peut-être raison : on ne peut pas résumer un homme à « ça ». Ce père-là avait autre chose dans le ventre. Il était quelqu’un, du moins il l’avait été.
Et ce quelqu’un, une lettre va nous le révéler, ce qui scellera à jamais l’amour inconditionnel qu'éprouvait cette fille pour son père...