Baad
7.6
Baad

livre de Cédric Bannel ()

L’auteur : Né en 1966, Cédric Bannel ancien élève de l’ENA, est un auteur de thrillers. Parmi ces derniers, on peut citer Le Huitième Fléau ou L’Homme de Kaboul. Ce romancier français publie Baad en 2016 chez Robert Laffont, dans la collection « La Bête noire ».


Le livre : En Afghanistan, une vague de meurtres sévit dans la région. Les corps de trois fillettes, qui ont été étranglées puis tuées, sont retrouvés à dix jours d’intervalle, dans des bidonvilles, les enfants étant vêtues de robes de fête. L’enquête se voit confiée à Oussama Kandar, chef de la police criminelle de Kaboul. À Paris, Nicole Laguna, qui habite un appartement dans le XVIIe, est enlevée et se réveille en Sicile, dans les mains de la Cupola (l’organisation qui chapeaute toutes les mafias). Elle tient son mari et ses deux enfants. Si Nicole veut les sauver, elle doit retrouver Franck X, le plus grand spécialiste du monde de la drogue. En Afghanistan, Nahid, vingt-sept ans, mère de sept filles, vit dans la précarité. Un Américain souhaite épouser sa file, Badria, dix ans, dans dix jours…


Mon avis : Baad nous embarque dans une histoire très prenante. L’ouvrage débute par l’enquête d’Oussama, connu aussi sous le nom du qomaandaan. À cinquante-trois ans, cet ancien combattant est devenu une réelle légende. Accompagné de ses quatre adjoints, parmi lesquels figure Gulbutin, un intellectuel qu’Oussama a sauvé lors de la guerre et qui est plus qu’un ami pour lui, mais aussi le plus précieux de ses hommes. Cependant, l’Afghanistan est un pays en proie aux talibans, où le terrorisme sévit à chaque coin de rue, et où la plupart des juges sont corrompus. Les lois y changent sans cesse sous la pression de la Cohalition, les procédures pénales sont de moins en moins compréhensibles, et de ce fait, la population a recours à la justice tribale et religieuse. Et outre cette enquête qu’il va mener de front et qui va l’emmener dans des coins reculés du pays, il va devoir protéger son épouse, Malalai, qui est en danger de mort. En effet, le pire ennemi de notre qomaandaan ayant été renommé ministre par le nouveau président, celui-ci compte bien se venger d’Oussama, et pour cela, il a prévu de s’attaquer à son épouse. En parallèle, nous suivons l’histoire de Nicole, une spécialiste de la capture des criminels de guerre en fuite (elle en a arrêté 728 et est la meilleure experte européenne dans ce domaine). C’est parce qu’elle est la seule capable de relever cette mission qu’elle a été enlevée par la Cupola et est victime d’un odieux chantage : elle doit retrouver Franck X et l’éliminer si elle ne veut pas que sa famille se fasse décimer par cette bande de mafieux. Quant à Badria, le compte à rebours est lancé…


Parmi les différents protagonistes présents dans cet ouvrage, deux sont particulièrement mis en avant. Tout d’abord Oussama Kandar, alias le quomandaan. Sa renommée n’est plus à faire depuis qu’il a combattu contre les Russes puis contre les talibans. On sent que c’est un homme bon, profondément intègre, qui fera tout son possible pour retrouver l’assassin des fillettes. La profonde amitié qui le lie à son adjoint Gulbudin, qui a perdu une jambe sur une mine russe, est difficile à appréhender pour les autres, car ils ont affronté le danger ensemble. Par ailleurs, Oussama est un homme sincèrement amoureux de son épouse, avec laquelle ils forment un couple fusionnel et équilibré. Malgré ses craintes pour la vie de sa moitié, il ne la prive pas de liberté (elle appartient par exemple à la Revolutionary Association of the Women of the Afghanistan). D’un autre côté, il y a Nicole, une femme prête à transgresser toutes les lois et interdits, même ceux fixés par la morale, pour sauver son mari et ses deux enfants : Christopher, douze ans, et Garance, dix ans. Trois fois décorée pour son travail remarquable, elle a été blessée et a perdu trois doigts dans une explosion. Elle a été employée par les plus grandes instances : au siège d’Interpole, numéro deux à la Brigade nationale de recherche des fugitifs… Tout comme Oussama, elle ne fera aucune concession pour parvenir à mettre la main sur le créateur de cette drogue dite pure.


La narration de cet ouvrage est particulièrement intéressante. Nous faisons rapidement la connaissance de Badria, dont les jours précédant le mariage (et de ce fait la mort, puisque l’on sait dès les premières pages que l’Américain qui veut épouser cette enfant est l’auteur des autres meurtres) structurent le récit. En effet, chaque chapitre débute par X jours avant Badria, allant de « dix jours avant Badria » au « jour après Badria », ce qui apporte une réelle tension à l’intrigue. Par ailleurs, nous sommes ici dans un thriller très efficace, mais pas uniquement. Cédric Bannel s’attache à nous présenter l’Afghanistan comme je ne le connaissais pas, avec ses montagnes et ses bidonvilles, ceux qui souhaitent vivre à l’européenne et les talibans qui les oppressent et les privent de toutes libertés, un pays où les juges sont corrompus, et où les membres de la police judiciaire doivent agir malgré la loi du talion qui sévit de plus en plus. Il s’intéresse également à l’Italie, à ses mafias, et aux institutions encore plus puissantes qui dirige les mafias. Baad est donc à la fois un thriller, mais aussi un ouvrage ethnologique par certains aspects.


À recommander : À ceux qui souhaitent lire un thriller qu’ils n’oublieront pas de sitôt, mais qui ne sont pas trop sensibles, car les maîtres mots sont ici : « Mentir. Couvrir. Oublier. Négocier. Acheter. Torturer. Tuer. » (98 %)


Une citation : « Finalement, on ne se méfie jamais assez des femmes. Des mères. Vous êtes vraiment prêtes à tout pour sauver vos enfants. Ce doit être génétique. » (56 %)


Ma chronique : https://loasislivresque.wordpress.com/2016/07/14/baad-cedric-bannel/

Créée

le 14 juil. 2016

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