Baltimore par Lonch de Bourgogne

Baltimore est un peu une sorte de prélude à ce que Simon va développer dans The Corner, puis The Wire. Mais dans Baltimore, on ne parle que des flics.

Au début des années 90, Simon a suivi la brigade criminelle de la police de Baltimore, Maryland, et en a produit ce livre. On va donc accompagner les inspecteurs, sergents, lieutenants qui font parti de ce groupe chargés d'enquêter dans une ville où le taux d'homicide est affolant. C'est par exemple la ville avec le taux de criminalité entre afro-américains le plus haut des USA (en même temps, les 2/3 de la population est noire, contre 12.7% dans l'ensemble du pays). Mais bon, c'est des noirs, donc on s'en fout, non ? Il y a deux homicides en trois jours, dans une année normale. Pire, c'est Washington DC.

Le boulot de la police est franchement bien décrit. Depuis le flic de rue, qui connait son quartier, les gamins et les habitants et, même si il n'est pas trop aimé, est tout de même au courant de ce qui se passe (chose qui a disparu en France depuis la suppression de la police de proximité, stupide décision d'un ministre de l'intérieur que j'ai cité précédemment), jusqu'à l'inspecteur de la criminelle qui doit se dépatouiller pour résoudre un maximum d'affaires.

Entre anecdotes et faits divers, le livre nous plonge dans le quotidien de la police (appuyez bien sur le o... A Baltimore, ils prononce pO-lice), dans ses emmerdements, ses erreurs, son évolution, pas toujours positive. Certaines phrases restent en tête et peuvent aussi expliquer des choses en France. Je pense en particulier à ce policier en uniforme à qui l'on dit "Les gens ne vous aiment pas, mais il parait que c'est pire avec les jeunes flics", et qui répond "Moi, ça fait 17 ans que je suis dans ce quartier. J'ai vu grandir les gamins qui sont maintenant des dealers ou des junkies (Dope Fiend - Litt, créature de la drogue). Il y avait des gens biens ici. Et il y en a encore. Les jeunes flics, ils sont arrivés, c'était déjà devenu de la merde. Ils pensent que tout a toujours été comme ça, et que les drogués ont toujours été drogués. " Ce passage m'a renvoyé à une conversation avec un ami, policier de son état, sur la transmission de certaines valeurs aux jeunes policiers.

On voit les difficultés des enquêtes aussi : les agents en uniforme qui, croyant bien faire, foutent en l'air une scène de crime ; la population qui ment, par principe ; les supérieurs qui veulent des résultats et mettent la pression, poussant presque à bâcler certaines affaires, les journalistes qui font des révélations sur une affaire et démolissent d'éventuelles auditions.