Des personnages et des intrigues à vous en donner le tournis ! A tel point qu'un index récapitulant à quelles pages les protagonistes autres que les quatre personnages principaux sont cités figure à la fin de l'ouvrage.
Autant le dire tout de suite, je suis loin de partager l'enthousiasme que cet énorme pavé a suscité chez les lecteurs de Babélio. Agé de vingt ans en 1978 et m'étant toujours intéressé de près à l'actualité, je n'ai pourtant guère été séduit par le traitement par Benjamin Dierstein des évènements de la fin des années 70. Ayant consulté une somme colossale de documents, l'auteur m'a donné l'impression de vouloir rentabiliser le plus possible son travail de recherche mais trop, c'est trop ! Comme le souligne la quatrième de couverture, à côté des personnages fictifs, on trouve Giscard, Bokassa, Omar Bongo, Pierre Goldman, Jacques Mesrine, Alain Delon, mais aussi le commissaire Broussard, Robert Boulin, le ministre de l'intérieur Christian Bonnet, Jean-Marc Rouillan, leader du groupuscule Action Directe, ou encore, cerise sur le gâteau, Joe Dassin, Miou-Miou et Julien Clerc sur des patins à roulettes ... Ce ne sont là que quelques exemples d'un name-dropping frisant parfois le ridicule.
Pour les évènements réels abordés dans ce trop foisonnant roman, j'ai eu l'impression de frôler l'overdose, des relations sulfureuses entre Giscard et Bokassa à l'assassinat de Robert Boulin (noyé dans une baignoire selon l'auteur) en passant, entre autres, par l'arrestation sanglante de l'ennemi public n°1 Mesrine. Nous ne sommes pas en reste pour ce qui concerne les affaires plus ou moins fictives avec les planques, les filatures, les interrogatoires, les transcriptions d'écoutes téléphoniques, les guerres entre caïds pour régner sur le monde de la nuit avec les jeux et la prostitution, le tout faisant la part belle à des dialogues aussi peu crédibles que surjoués.
En guise de fil rouge, la recherche de renseignements sur un certain Géronimo par deux jeunes inspecteurs, qui entretiennent une rivalité déjà présente à l'école de police, ne m'a pas davantage passionné que la description des relations, intimes ou pas, entre des personnages à la psychologie sommaire.
Ce roman saura-t-il intéresser les moins de cinquante ans alors que celui qui a suivi "en direct" les évènements évoqués n'y a pas trouvé son compte ? Une chose est sûre, malgré tout l'intérêt que je porte à L Histoire récente, je ne m'astreindrai pas à lire la suite de ce premier tome, sa lecture ne m'ayant pas procuré le plaisir attendu.