Je suis toujours surpris du côté toujours annoncé maître de l'horreur chez S. King alors que ce roman aborde avec une émotion forte certains de ses thèmes de prédilections que sont l'amitié, le passage à l'âge adulte, l’Amérique des années 60 ou encore... les premiers amours.
Le roman est fait de cette veine là.
Certes, l'horreur est au rendez-vous mais pas forcément là où elle rencontre le fantastique. Le fameux clown n'est qu'un prétexte pour évoquer les zones obscures chez chacun et S.King sait décrire mieux que personne la nature humaine et ses travers boueux. Probablement d'ailleurs que les artisans des métiers du psychisme auraient à apprendre quelque chose des relations familiales ou de l'alcoolisme telle que King les relatent.
Les artistes sont décidément les mieux placés pour parler de l'inconscient et de ses mouvements tumultueux. Freud lui même ne trouverait certainement rien à redire au titre de ce roman, CA, éminent réservoir pulsionnel chez chacun, soumis au refoulement.
Mais c'est aussi au delà de l'horreur que S. King est un grand conteur et qu'il gagne ses lettres de noblesse. Comme dans la nouvelle Le Corps qui a donné le succès Stand By Me à l'écran, dans Cœur perdu en Atlantide, et le trauma du Vietnam ou encore dans 22.11.63, il nous montre l'affection qu'il a pour ses personnages et le métier d'écrivain. Eh oui, S. King écrit avec amour et cela sublime ses romans qui sont loin d'être de simples histoires pour faire peur.
Au fait, pour le plaisir, passez juste un moment à découvrir les morceaux de musique qu'il propose dans sa narration et vous allez découvrir de multiples trésors oubliés des années 1960.
CA fait partie de ces livres, que je souhaiterai ne pas avoir encore lu, juste pour le plaisir de le redécouvrir à nouveau, et pouvoir se dire, au fil des pages, "Pfff, quel pu****de bouquin !".