Un sujet difficile

Le thème est tragique, difficile voir insoutenable par instant. On parle d'un féminicide, de deux enfants ayant vu leur père tuer leur maman et de la tâche quasi impossible qui les attend par la suite. Se reconstruire, mettre des mots et des pensées sur ce drame, oublier ? Le mettre de côté ? En parler ?

Avec une économie de mots, des chapitres courts, une pudeur bienvenue mais aussi un style sobre et pourtant touchant, Philippe Besson parvient à faire l'œuvre juste sur ce sujet terriblement compliqué à traiter sans faire de maladresses ou de faute de goût.

Personnellement l'ouvrage ne m'attirait pas de prime abord, de par son sujet trop déprimant. J'avais peur d'un récit larmoyant, convenu et pénible à lire. Il n'en n'est rien.

Le narrateur, l'aîné, parvient à exprimer son ressenti, à travers des banalités qui doivent être abordées (qui prend en charge les enfants après le drame ?), à travers les questions des enquêteurs qui appellent des réponses brèves mais qui amènent des développements plus tard dans le cerveau de l'enfant, à travers la souffrance de sa sœur.

Il aborde aussi le sentiment de culpabilité jamais totalement étouffé malgré la conscience que le seul et unique coupable est bien le meurtrier (ou plutôt l'assassin, la nuance est rappelée), et les possibilités à explorer pour s'en défaire si cela est possible (soins, thérapie, discussion avec la famille ou les proches... voir affronter le père ?).

Un roman qui m'a plu finalement malgré mes réticences initiales.