"Cette chanson que je n'oublierai jamais" est le second livre de Mary Higgins Clark que je lis mais j'avoue l'avoir préféré à "Dans la rue où vit celle que j'aime". Cette histoire-ci m'a semblé plus prenante, plus envoûtante.
Le schéma du récit est plutôt classique et se retrouve dans beaucoup de romans policiers, avec la suspicion qui pèse sur une grande partie des personnages, des paroles échangées sujettes à multiples interprétations, qui paraissent anodines au premier abord mais qui sont révélatrices des secrets que les suspects tentent de cacher tout au long du roman (et vice versa). Pensées, actes et confidences qui finissent par être découverts un moment ou à un autre.
Schéma habituel qui mélange de manière subtile l'horreur totale de la situation et l'amour inconditionnel que partagent Kay et Peter. J'ai bien aimé que l'auteur nous fasse découvrir comment l'homme d'affaire et la bibliothécaire se sont rencontrés. Il est vrai que dans les premiers chapitres, j'ai vraiment eu l'impression que le couple vivait dans une bulle rose, où tout était parfait, où rien ne semblait pouvoir les atteindre. C'en était même devenu quelque peu agaçant car j'attendais avec impatience le moment où tout s'effondre, l'instant où le roman devient noir, opaque, angoissant. Ils étaient un couple complice, soudé, qui apprend à se connaître et qui découvre les habitudes de l'autre. Ce sont des gens simples et c'est une des caractéristiques qui m'a le plus plu dans le roman. Peter est plus que riche, mais il n'a pas les traits qu'on prête aux personnes plus que aisées. L'argent n'est pas ce qui l'intéresse le plus. Quand à Kay, en tant que bibliothécaire, elle avait des revenus modestes et a donc gardé ses habitudes de femme ordinaire. C'est ce qui m'a le plus surprise au début du roman. On entre dans l'intimité d'un couple qui a des activités on ne peut plus banales et normales, ça ne fait que contribuer à l'image du mariage parfait qu'on a d'eux. Même les lourdes charges qui semblent peser sur Peter et sur leur futur n'ont pas l'air d'avoir d'impact sur leur vie quotidienne. Et ce, jusqu'à ce que le cauchemar commence réellement.
A partir du moment où Peter Carrington est vraiment accusé de meurtre, que les éléments s'accumulent contre lui, le récit devient alors plus sombre et les personnages principaux ne font que s'embourber chaque chapitre un peu plus dans les ennuis. Mais encore une fois, on retrouve cette balance entre les accusations de meurtre et de disparition et la foi que Kay a en son mari. Elle croit en l'innocence de Peter, c'est un sentiment qui vient des tripes. Elle n'a aucune preuve, aucun indice qui peuvent contredire le solide dossier de la justice mais elle se fie à son intuition, elle le sent au fond d'elle qu'il n'est pas coupable. Les preuves s'entassent contre Peter et c'est à ce moment-là du récit qu'on se rend compte que les personnages sont profondément humains. Ils craquent, doutent, tentent de se ressaisir, cherchent à comprendre, abandonnent, changent leur jugement. Leurs sentiments dirigent leurs actions et décisions (que cela ait de bonnes ou de mauvaises répercussions sur leur bien-être). Ce sont des personnages tellement humains et c'est ça que j'ai aimé chez eux, les erreurs qu'ils font sont compréhensibles et sont le reflet de leur personnalité.
Il arrive un moment dans la lecture où on se demande vraiment si Peter va s'en sortir, si oui ou non il a commis les meurtres dont il est accusé. Toutes les preuves le désignent, certains événements plus que étranges ne sont clairement pas en sa faveur et même les avocats chargés de le défendre n'y croient plus. C'est à cet instant-là que les pensées et recherches du détective privé, Nicholas Greco, deviennent le plus intéressantes, elles amènent un tout autre point de vue et donnent matières à réflexion. Sa passion (ou obsession) pour cette affaire devient alors une recherche de la vérité plutôt qu'un acharnement à trouver des indices compromettants.
Le livre se lit très rapidement car les chapitres sont (très) courts. Ils enchaînent les points de vue afin de permettre au lecteur d'avoir une vue d'ensemble sur l'histoire et les personnages et sont tellement courts qu'on se laisse facilement emporter par l'envie d'en lire un nouveau. Ils donnent un style haché à l'histoire mais ce n'est pas déplaisant. Ça ne fait qu'accentuer la curiosité et le désir d'en savoir plus.
En conclusion, "Cette chanson que je n'oublierai jamais" est un bon petit roman policier. J'ai particulièrement aimé l'humanité et la simplicité du couple de protagonistes. Le corps du récit est assez classique mais joue avec habilité entre la situation inextricable dans laquelle se trouve Peter et le refus de Kay d'abandonner son mari à son sort. Subtil mélange, très bien dosé, qui assure l'équilibre de l'histoire. Cette dernière est captivante et dramatique à la fois.
Aunbrey
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le 14 juin 2013

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