560 pages en moins de dix jours ! Pour moi, un exploit !
Je lis lentement, par petits bouts, retours en arrière, surlignages, annotations…
Ce livre m’a été recommandé par ma fille. Nous faisons liseuses communes et fonds commun. C’est elle qui l’a téléchargé avant de partir en vacances et je me retrouve avec SON bouquin dans MA liseuse : « Il a une bonne longueur en bouche, me dit-elle, je te le recommande. » (…Nous sommes bordelais !). Connaissant ses goûts en bons crus, j’ai décidé de lui faire confiance et de me lancer dans la dégustation…


Et j’en prends plein la G…, Je suis vraiment un vieux C… qui vit dans un autre monde !
J’ai pour habitude de commencer mon papier en situant l’auteur et comme je suis l’anti-people personnifié, en tapant Valérie Perrin dans mon moteur de recherche, ce que j’ai vu en premier, c’est le portrait d’une très jolie quinquagénaire ! Quand ma femme me dit : « Mais oui, tu sais bien, c’est la compagne d’un tel, ou le fils d’une telle… » D’accord, mais mes neurones refusent la connexion, c’est immédiatement oublié. Pour moi, le fait de naître avec une particule devant son nom ou une couronne au-dessus de sa tête n’est pas une preuve de qualité ou de compétences.


Ainsi, ce livre est le deuxième roman de Valérie Perrin, laquelle est née à Gueugnon en 1967.
Son premier roman, "Les oubliés du dimanche" (2015), a reçu de nombreux prix, dont celui de Lire Élire en 2016.
En 2018, elle a reçu le prix Maison de la Presse pour son deuxième roman "Changer l'eau des fleurs".
En outre elle est photographe et scénariste et travaille aux côtés de son mari, le réalisateur Claude Lelouch.


Alors, nous y voilà, "Changer l'eau des fleurs" c’est l’histoire de Violette, mais pas seulement. Ce sont plusieurs romans qui se croisent, s’interpénètrent. Plusieurs époques qui s’entrechoquent mais qui finissent par converger.
Violette, née sous X, que personne n’a jamais voulu adopter, sera gardienne ! Gardienne de passage à niveau puis gardienne de cimetière. Elle va, plusieurs fois, changer l’eau des fleurs.
Sa vie est rythmée par le passage des trains puis ceux des corbillards.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien de VIE ! Et, à moins de baigner dans l’eau de rose, il n’y a pas de vie sans la mort, elle en fait partie intégrante, regardons autour de soi, la vie est faite de successions de mal-heurs et de bon-heurs : « Demain, il y a un enterrement à 16 heures. Un nouveau résident pour mon cimetière. Un homme de cinquante-cinq ans, mort d’avoir trop fumé. Enfin, ça, c’est ce qu’ont dit les médecins. Ils ne disent jamais qu’un homme de cinquante-cinq ans peut mourir de ne pas avoir été aimé, de ne pas avoir été entendu, d’avoir reçu trop de factures, d’avoir contracté trop de crédits à la consommation, d’avoir vu ses enfants grandir et puis partir, sans vraiment dire au revoir. Une vie de reproches, une vie de grimaces. Alors sa petite clope et son petit canon pour noyer la boule au ventre, il les aimait bien. »
La vie, ce sont aussi des moments de grâce qu’il faut retenir et vivre pleinement. Je vous fais grâce de cette cérémonie de forains accompagnant l’un des leurs pour son dernier voyage au son des guitares sur des airs de Django Reinhardt, le défunt en rigole encore. Ou cette famille juive entonnant des chants, après la sépulture, sur la place voisine maintenant sous le charme les employés du cimetière bien au-delà de la cérémonie : « Vers 18h30, tout le monde est remonté dans sa voiture en direction de Paris. […] Mes trois hommes ont diné avec moi, dehors. Je leur ai fait une salade improvisée, des pommes de terre sautées et des œufs au plat. Nous nous sommes régalés. Les chats nous ont rejoints comme pour écouter nos conversations décousues, inintéressantes mais heureuses. Nono a répété pendant tout le diner : “On n’est pas bien, là, chez notre Violette ?” Et nous, en chœur, on lui a répondu : “Tellement bien.” Et Elvis a ajouté : “Donte live mi nao.” »
Je ne vous parlerai pas non plus des séances de jardinage. Je devrais dire, des leçons de jardinage qui ne sont qu’amour de la Nature.
Mais l’intrigue dans tout ça ? Je n’en dirais RIEN car elle est si bien ficelée qu’il n’est pas question pour moi d’en dévoiler l’ombre d’une extrémité… il faut affronter les 560 pages !... Mais quand “on adhère” on les lit très vite.


On peut être un peu gêné, voire, parfois agacé par les changements fréquents d’époques et de protagonistes, mais on finit par s’y faire. Pendant longtemps j’ai ressenti ce livre comme fait de petites touches, comme un tableau impressionniste. Il s’agit, en fait d’une construction précise et méticuleuse qui conduit à la résolution de l’énigme. Une sorte de thriller.


Un mot pour mon Prof préféré (elle se reconnaîtra) : Vous avez aimé “Une longue impatience” de Gaëlle Josse. Vous devriez aimer celui-ci.


À cause des toutes dernières lignes, je n’ai pas mis 10/10. J’aurais préféré rester dans l’incertitude.

Philou33
9
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le 17 août 2019

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Philou33

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