Clarissa nait en Galicie, en 1894, sa mère est aussitôt emportée par une pneumonie, le médecin ne pouvant arriver à temps à son chevet. Son père, militaire, ne sachant que faire de ses enfants, l'envoie ainsi que son frère aîné dans sa famille, et ils passent des parents, en parents jusqu'à ce qu'elle ait huit ans. Elle est ensuite envoyée ans une pension religieuse dans les environs de Vienne. Son père n'a jamais manifesté de grand intérêt pour elle, profondément occupé par sa carrière, brillant statisticien, il gravit un à un les échelons de la hiérarchie. Sa passion pour l'ordre et les mathématiques est telle qu'il force sa fille à faire des rapports quotidiens sur ses activités qu'il classe ensuite dans des dossiers. Clarissa devient une jeune fille brillante, mais renfermée, étant incapable de nouer des liens avec les filles de son âge. Les relations avec sa famille sont compliquées, elle sent bien la tendresse qu'on lui porte mais son frère et son père ne savent pas la lui communiquer et sont en grande partie responsables de ses propres inhibitions. A ses dix-huit ans son père la convoque ainsi que son frère, il leur annonce qu'il quitte l'armée, poussé à la retraite par les hautes instances, il pressent la guerre mais ses mots dérangent et on veut l'évincer. Il quitte l'Autriche et demande à ses enfants de devenir indépendants. Clarissa devient secrétaire pour un psychologue, qui est ravi des ses talents, et sa confiance est telle qu'il l'envoie à sa place écouter une conférence en Suisse. C'est là que sa vie va changer à tout jamais, sur place elle rencontre Léonard, un socialiste français, dont elle tombe éperdument amoureuse, bien que jusque là elle ait tout ignoré des affres de la passion. Le roi d'Autriche est assassiné, ce qui fait un scandale lors de la conférence, mais les amoureux veulent fuir ce tumulte, ils coulent des jours heureux visitant les villages italiens et goûtant la vie des "petites gens" comme ils aiment à le dire. Cependant, ils ne peuvent ignorer longtemps que la Guerre est en marche, chacun doit s'en retourner dans son pays, ennemis par leur sang, amants dans leur cœur.

Ce roman se veut une autre forme d'autobiographie de l'auteur, je ne comprends pas exactement ce qu'il a voulu faire, peut-être s'est-il projeté dans le noble personnage de Léonard? Ce livre m'a plutôt ennuyé, certes l'histoire d'amour est belle, encore une femme qui perd son amour à la guerre, comme quoi, les thèmes sont classiques mais la façon de les traiter change tout. J'ai trouvé le personnage de Clarissa tout à fait fade, bien que, pour une fois, je ne sens pas la distance habituelle qui m'agace quand un auteur masculin tente de se mettre dans la peau d'une femme, ils en font toujours trop dans la mièvrerie et la superficialité. Non, Clarissa est une femme "vraie", à défaut d'être une "vraie" femme, elle aurait pu exister. Les passages exaltant le socialisme m'ont laissé froide, les plus intéressants étaient encore les explications du mentor de la jeune fille quant à ses différends avec Freud. Il considère qu'on ne peut soigner un malade en découvrant l'origine de sa névrose mais qu'il faut justement la lui faire oublier. Quoi qu'il en soit je ne suis pas passionnée par les romans qui se passent pendant les guerres, j'en ai lu des tas pour essayer de comprendre, plus jeune, et il n'y a rien à en tirer, juste un témoignage de la bêtise humaine. Zweig est certes un bon écrivain, il manie la langue avec finesse, peut-être est-ce roman qui n'est pas fait pour moi.
Diothyme
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le 21 févr. 2011

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