Depuis toujours je me considère comme quelqu’un de créatif et ce n’est pas un privilège... Non que ce soit quelque chose auquel je ne tienne pas mais parce que, pour moi, c’est inhérent à l’être humain. Nous sommes vivants, créatifs et complexes. Cela ne signifie pas que nous avons tous pour vocation de devenir artiste, loin de là... C’est le souci : on confond trop souvent la créativité avec l’art. Je connais des professeurs créatifs dans leur manière d’enseigner, je connais des mères au foyers créatives dans leur manière d'incarner leur rôle, je connais des hôtes de caisse créatifs dans leur manière de gérer un client agressif ou difficile. Alors non, la créativité n’est pas un privilège qui n’appartiendrait qu’à un certain nombre d’élus... Par contre, et peu importe la manière nous voulons mettre en œuvre cette capacité, nous avons tous des obstacles face à ce processus naturel.
Voilà pourquoi ce phénomène me fascine. Comment notre imagination, notre audace, notre esprit créatif fonctionne-t-il ? Et comment ne pas rester paralysé par nos névroses, nos angoisses, nos manques de confiance ? Il va sans dire qu’avec toute cette curiosité, je me jette sur tous les ouvrages qui traitent de cette question. Je ne pouvais donc pas passer à côté de celui de madame Gilbert, devenu un « classique » en une poignée d’années.
Avant toute chose, ami-lecteur, sache que je ne suis pas une grande lectrice de madame Gilbert. J’ai effectivement apprécié son best-seller mais il n’a pas une place particulière dans mon esprit. Je l’ai trouvé sympathique mais sans plus... Ce n’est donc pas parce que je suis une admiratrice que j’ai voulu connaître le point de vu d’Elizabeth Gilbert sur la créativité, c’est simplement que le sujet m’intéresse pour lui-même. Et je n’avais pas d’attente particulière...
Je ne vais pas mentir, j’ai beaucoup aimé Comme par magie. Déjà parce qu’elle ne parle pas d’une vie forcément dédiée à l’art. Elle rappelle que pour profiter du bonheur de la créativité il ne faut pas forcément vouloir devenir peintre, écrivain ou musicien. Qu’on peut juste saupoudrer notre quotidien de cette dimension si plaisante. Elle évoque aussi nos peurs, sans les diaboliser mais sans non plus les nier. Elizabeth Gilbert nous invite simplement à ne pas les laisser prendre les décisions à notre place. Un des points avec lesquels j’avoue ne pas être d’accord est qu’elle voit le processus créatif comme quelque chose de magique alors que ce n’est pas du tout mon cas. Pourtant, j’aime la manière dont elle parle de cela, avec humour et émerveillement. De plus, elle met quand même le travail au centre de tout. Elle ne raconte pas de conneries d’histoires sur une muse indispensable mais fuyante qui suffirait. Non, elle n’a pas peur de parler de discipline :

Mon quotidien, qui se borne à la discipline du travail, est dépourvu de glamour. Je m’assois à mon bureau et je travaille comme une fermière, et c’est ainsi que se font les choses.


    Sa vision sur les cours d’art, dont l’écriture créative, aurait pu aussi me poser souci puisque je crois profondément en leur utilité. Sauf que ses réserves sont avant tout financières et quand on sait qu’aux USA, tout cursus universitaire signifie un endettement très lourd de l’étudiant, alors je comprends ses mises en garde. 
Enfin, la dimension qui m’a le plus réjouie dans Comme par magie est la manière dont elle parle du processus créatif et de l’artiste. Elle détruit l’image de ce dernier qui ne pourrait créer que dans la souffrance. Non qu’elle nie son existence mais elle rappelle qu’il y a un autre chemin et qu’on peut créer dans la joie tout en s’impliquant complètement dans son travail. Salvateur !
Si je n’adhère pas toujours aux propos de madame Gilbert, j’ai adoré suivre ses réflexions qui sont toujours raisonnées, pragmatiques et pleine d’humour. Sa vision positive de la question, sans pour autant tomber dans la naïveté, m’a donné le sourire. En plus, elle évoque Marc-Aurèle et rien que pour ça, je ne pouvais qu’apprécier ma lecture.
Alors oui, Comme par Magie donne envie de créer, de s’amuser, d’explorer « les trésors cachés qui sommeillent en chacun de nous ». Attention toutefois, ce bouquin est un essai plus philosophique que pratique. Et pour quelqu’un qui a quelques blocages ou qui manque vraiment de confiance, il ne donne aucune piste qui permettrait d’aider à surmonter ces obstacles.
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le 11 mars 2021

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