Entre évasion et indigestion
Maurice G. Dantec nous livre ici un livre quelque peu déroutant par sa complexité et dont il faut un temps certain avant de rentrer dans l'histoire, de se laisser prendre par la narration.
Le lecteur s'y perd assez vite, n'ayant pas de repères auxquels s'accrocher : le monde est totalement imaginaire, les personnages sont moitié-faux/moitié-vrais, l'histoire n'a pas tellement de fil conducteur à part un meurtre planifié. De plus, à la moitié du livre, tout se renverse et se complexifie d'un cran.
Et c'est ici qu'intervient la "magie" Dantecquienne... Face à une telle chimère de complexité, habituellement le lecteur lambda abandonne. Il laisse tomber cet amas de pages pour s'adonner à un livre plus accessible où il peut au moins espérer comprendre quatre pages sur cinq. Mais dans le cas de Cosmos Incorporated... non. Après avoir lu une centaine de pages, on comprend qu'il existe une certaine logique captivante et envoutante : le livre est fait de passages extrêmement abscons contrastant avec des passages on ne peut plus clairs et limpides. C'est, à mon avis, là que réside l'alchimie de l'ouvrage. Après s'être battu pour tenter de comprendre plusieurs paragraphes, on se sent happé par les parties plus simples. Puis on repart en apnée pour tenter d'accoster sur une berge plus limpide. C'est un livre binôme : la difficulté va de pair avec la simplicité, l'un ne peut exister sans l'autre et l'on est sans cesse poussé vers l'opposé. Cosmos Incorporated agit comme un aimant.
Pour ce qui est de l'histoire en elle-même : un monde futuriste habité par différentes espèces vivantes où un chasseur de primes doit abattre un maire. Le fil conducteur change par la suite brusquement pour amener à une métamorphose complète de l'environnement. On part d'un évènement qui aurait dû être micro pour finir avec une finalité macro : un meurtre initial devient le bouleversement de la terre entière.
Ne pas s'en tenir à la complexité, et se laisser bercer sur les méandres épineux des mots obscurs...