Damnés
6.3
Damnés

livre de Chuck Palahniuk (2011)

Toi qui entre ici, abandonne tout espoir.

Ne tentez pas de vous faire une idée avec le résumé fourni par l'éditeur, Damnés part en vrille - pas toujours dans le bon sens.

Du côté positif, la voix de Madison est vraiment agréable à lire. Sarcastique, intelligente mais adolescente, l'héroïne ne manque pas de style dans ses déscriptions et Palahniuk se fond assez souvent dans son personnage pour éviter de se faire trop entendre (cf. ses premiers livres et leurs narrateurs quasiment interchangeables).
Sa description de l'enfer ne plaira pas à tout le monde tant ça "baigne" dans l'immaturité : lacs de sperme, rivières de vomi, montagnes de caca, le tout saupoudré de bonbons et sucreries collés un peu partout, servant de monnaie d'échange - l'ensemble extrêmement puérile laisse même se demander si l'enfer n'apparait pas ainsi simplement parce qu'il est filtré par le regard d'une ado de 13 ans. Après, la lecture nous laissera la surprise de comprendre certaines choses.

Le récit se tient pas mal, mais après des Pygmy et Snuff qui n'apportent que peu à leurs propres concepts, Damnés est totalement dans cette lancée. On ne retrouve pas la grâce d'un Fight Club ou d'un Rant, où la forme et le fond étaient dosés et mélangés comme de l'explosif.

On arrive aux points négatifs : on nous résume l'histoire comme un "Breakfast Club mixé à Six Feet Under" et en effet, Madison ne manque pas nous le rappeler, mais les autres archétypes de la bande n'apportent que peu à l'histoire (je rappelle que Breakfast Club monte en puissance cathartique pour tous les protagoniste du film).
On nous dit que l'enfer est rempli de célébrités et là encore, c'est totalement accessoire, du moins pour les 3/4 du livre. Chaque chapitre commence par un parodique "Satan es tu là ? C'est moi Madison", un journal intime donc où Madison tente de se rappeler des causes de sa mort et autres souvenirs qui, évidemment, vont prendre tout leur sens dans le déroulement de l'intrigue.

Mais hélas, le mélange ne prend pas des masses. On passe de souvenirs hilarants, à la vie en enfer avec sa soit-disante bande de Breakfast Club, aux descriptions trashouilles, sans avoir la sensation que des choses ne se mettent en place concrètement. On déplore aussi un manque de subtilité dans un certain domaine de la vie terrestre de Madison, où ce qui est sensé être un petit retournement se voit venir gros comme une maison - surtout si on connait le gout de Palahniuk pour les gros twists.

Alors, comme Snuff, comme Pygmy, on se retrouve avec un concept sympa, des passages aussi dingues que les plus grands livres de l'auteur, mais le tout un peu bordéliquement relié, voir mal finiolé. Et puis, comme dans la bibliographie entière du bonhomme, l'ombre de Monsieur Durden ne se retrouve pas loin, ici prenant tout son sens en enfer (qui pourrait être plus libre de ses mouvements et maître de son destin qu'une âme damnée en enfer qui aurait tout perdu ?) mais bon, presque 20 ans après Fight Club, la soupe commence à refroidir.

Et puis, ce n'est pas une surprise, Damnés est le premier volet d'une trilogie, amplifiant le côté "pas fini" laissé par un *//* SPOILER *//* "à suivre" *//* FIN DU SPOILER T'AS VU C'ETAIT OUF HEIN *//* qui empêche d'avoir l'effet Palahniuk recherché : refermer un livre, hanté par son histoire et ses personnages, telle une obsession...

A lire, sans trop espérer se prendre de baffes.
MKD
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le 12 sept. 2014

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