Vous qui entrez au bagne, laissez toute espérance

A travers une série d'une vingtaine d'articles, Albert Londres nous fait plonger dans le quotidien édifiant des bagnes de détenus militaires d'Afrique du Nord. Londres narre le quotidien de ces pauvres bougres, condamnés pour un rien, et dont la peine est prolongée indéfiniment, au gré de la volonté des geôliers.

Chaque article ajoute une variation dans l'horreur des conditions des détenus. Les passages à tabac, la soif, l'hygiène déplorable, les automutilations, les vexations quotidiennes, les rivalités entre détenus… rien ne leur est épargné dans cet enfer sur terre, que Londres nous fait vivre à distance. On est témoin de leurs malheurs et des injustices qu'ils subissent, comme du sadisme des gardiens. Ici les hommes meurent pour des broutilles et la torture est un moyen de distraction comme un autre.

Avec toute la force que Londres parvient à insuffler dans ses récits, il nous immerge au cœur de l'enfer carcéral et nous présente ces bagnards à hauteur d'homme. C'est un récit profondément humaniste, dans lequel Londres nous montre le pire de ce qu'un homme peut faire subir à autrui.

L'écriture est vive, pleine d'esprit. A l'époque le journalisme avait une toute autre envergure et des grandes ambitions. Londres dénonce frontalement une situation inacceptable, prend à partie les autorités et obtient des changements. Du journalisme total, dans ce qu'il avait de plus noble.