Days
6.8
Days

livre de James Lovegrove (1997)

Days fait partie de ces oeuvres bâties autour d'une seule idée, dont ils se servent pour brosser un futur dystopique qui vient bien sûr critiquer notre société actuelle. L'idée ici, c'est évidemment le gigastore, sorte d'hypermarché hypertrophié (666 rayons) où le consommateur est censé pouvoir acheter n'importe quel objet (ou animal, d'ailleurs) pouvant exister.


Le roman n'a qu'une seule ambition: faire découvrir le quotidien de ce magasin fictif en ne racontant qu'une seule journée de la vie de celui-ci, heure par heure, minute par minute. Sa structure fait alterner le point de vue de trois personnages: Franck, vigile du magasin; Linda, nouvelle cliente, et les sept frères composant le conseil d'administration du gigastore.


Days dissimule évidemment une critique directe de notre société de consommation. Si celle-ci n'est souvent guère subtile, elle fait pourtant mouche. Chez Days, les clients sont réparties en différentes catégories et se voient attribuer une carte d'achat spécifique en fonction de leurs capacités financières, donc de leur statut social (de aluminium à osmium). Comment ne pas penser, en voyant les efforts de Linda pour acquérir une carte silver, à nos cartes bancaires bien réelles (dont mon banquier voulait me convaincre de passer à la version gold) ou des pléthores de compte premium que toutes les structures d'achat sur internet veulent nous refiler?


En entendant la devise de Days, qui postule que le magasin contient tout ce qui peut s'acheter, comment ne pas penser à ces gigastore du web qui affichent la même ambition? En 1997, Lovegrove n'avait certes pas prévu que le web et le cyberachat supplanterait à ce point les commerces physiques, mais c'est sans doute à Days que ressemblerait Amazon en version "matérialisée".
Sans parler des ventes flash, qui voient les clients se ruer pour acheter les objets les plus inutiles possibles, avec pour seul argument que c'est une bonne affaire puisque c'est en solde. L'argument est simpliste mais si efficace...


L'ouvrage montre très bien à quel point un système conçu uniquement en vue du profit financier en arrive à broyer les humains qu'il touche et leur faire perdre leur humanité, qu'il s'agisse de l'employé, du client et du dirigeant. L'intrigue à proprement parler remplit son office en incitant le lecteur à poursuivre sa lecture, mais elle ne brille pas par son orginalité. Mais plus que l'intrigue, c'est la description méthodique d'un système et de ses rouages qui fait la valeur de Days: comment ce qui est en apparence n'est qu'un gigantesque parc d'attraction est en réalité une machine qui parvient à corrompre tout ce qu'elle touche avec sa logique purement mercantile.


Days n'est pas un traité de sociologie ni un manifeste communiste. Il décrit, il interroge, il condamne, mais ne propose pas d'alternative au système capitaliste. Ce n'est pas son rôle. Son rôle est de raconter au lecteur une histoire qui l'amène à s'interroger sur son environnement et ses habitudes. En cela, il est réussi.

FullLegal
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le 11 avr. 2015

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