J’ai voulu lire Débâcle de Lize Spit car j’ai été intriguée par toute l’effervescence régnant autour de ce roman dans les médias mais aussi parmi mes collègues bibliothécaires qui l’avait déjà dévoré. Une jeune auteure flamande que la bibliothèque dans laquelle je travaille a reçue lors d’un petit-déjeuner lecture, un premier roman publié chez Actes Sud, une couverture malaisante, … rien de tel pour me pousser à tourner les premières pages.
Eva est amie depuis la maternelle avec deux garçons, Pim et Laurens. Ils habitent tous trois un petit village de la Flandre profonde qui leur offre peu de distractions. Plus par besoin de fuir son quotidien et sa famille « à problèmes » que par envie, Eva fait tout pour rester dans la bande quitte à obéir aveuglément à ses deux comparses et prendre part aux jeux malsains qu’ils inventent pour s’amuser. Un été de canicule, l’un de ces jeux «d’enfants » tournera au vinaigre et laissera des marques profondes qui meurtriront Eva jusqu’à l’âge adulte.
Si j’avais lu ce livre sans savoir que l’âge de l’auteur (30 ans) et qu’il s’agissait de son premier roman, jamais je ne l’aurai cru. Un malaise s’est emparé de moi dès les premières pages et ne m’a plus quitté, augmentant même au fil de l’histoire tant celle-ci est gorgée de situations plus douteuses les unes que les autres. Une VDM (vie de merde) passez-moi l’expression décrite de manière hyper réaliste, une jeune fille qui essaye tant bien que mal de s’extirper de sa condition, de son foyer, de ses parents alcooliques et suicidaires, de son village qui promet un avenir des plus miséreux. Tout ceci raconté avec des métaphores et des images des plus sordides. Cela m’a fait penser à La merditude des choses de Dimitri Verhulst, autre œuvre flamande du même acabit. Un milieu social rural, difficile qui abîme ceux qui y vivent.
Un roman qui fait froid dans le dos, réservé aux lecteurs friands d’œuvres dérangeantes et qui ont leur cœur bien accroché. On adorera (tel est mon cas) ou on détestera, il n’y aura pas de demi mesures…