Un mal de chien à le finir

Ce livre majeur de la SF est une demi-déception. Tout d'abord, j'ai bien aimé les premières nouvelles. Elles développent des thèmes intéressants tels que le retour à la vie rurale et la fin de la cité comme mode d'organisation sociale. En effet, qui ne profiterait pas de l'opportunité de vivre à la campagne dans sa maison individuelle, tout en n'ayant aucune contrainte liée à la distance grâce à des moyens de transport révolutionnaires ? Cependant, l'homme ne peut vivre complètement isolé de ses congénères. Comme l'expliquait Schumpeter, les hommes sont comparables à des hérissons, trop proches les uns des autres ils se piquent, néanmoins ils ont besoin de vivre en communauté. Simak analyse ainsi avec finesse les conséquences possibles de l'isolement des hommes dans la deuxième nouvelle en évoquant l'agoraphobie qui en découle.

En revanche, la suite du recueil est décevante. La chute de l'humanité n'est plus envisagée avec des éléments futuristes plausibles (qui sont l'essence de la SF) mais avec des idées relevant du fantastique (chiens dotés de parole à partir d'une simple greffe, mutants, fourmis à la force herculéenne). Pour s'en convaincre, il suffit de constater à quel point l'auteur est vague dans la description des thèmes principaux de son récit : il ne dit pas d'où viennent les mutants, ni comment les humains se transforment en dromeurs, ou encore à quoi correspond la philosophie de Juwain qui pouvait sauver l'humanité. De ce fait, j'ai eu un mal de chien à me passionner pour ces histoires manquant de profondeur.