Dans ce recueil de souvenirs, l'ex chef de la police judiciaire russe relate ses enquêtes au service de l'empereur.
Entre 1907 et 1917, Arkadi de Kochko a dirigé la police de Saint-Petersbourg, de Moscou, puis celle de tout l'empire. Réfugié en France après la révolution bolchévique, il doit se contenter d'un travail alimentaire et vit dans le passé en rédigeant ses mémoires. Ce livre a été traduit en français par son arrière-petit-fils, le journaliste Dimitri de Kochko.
Nous y trouvons le récit des plus intéressantes affaires résolues par l'ex premier flic de l'empire: des meurtres multiples et particulièrement sordides, des vols de bijoux dans les hautes sphères et jusque dans les églises les plus saintes de la capitale, des escroqueries sentimentales, un braquage de banque particulièrement audacieux, sans oublier la scandaleuse affaire Beilis, comparable à l'affaire Dreyfus pour ses implications politiques. Nous découvrons ainsi l'organisation et les méthodes de travail de la police tsariste. Arkadi de Kochko est l'un des premiers à exploiter pleinement la dactyloscopie (science des empreintes digitales). Il utilise aussi toute une cohorte d'agents spéciaux aux origines sociales diverses et n'hésite pas à fabriquer de faux indices, voire à se déguiser lui-même pour prendre au piège les coupables. Par ailleurs, ce recueil nous immerge dans le quotidien des Moscovites sous le règne Nicolas II. Escorté par Kochko, le lecteur visite les hôtels particuliers, arpente les marchés, pénètre dans les tripots et les infâmes taudis des marchands de sommeil.
Ce livre est donc intéressant à plus d'un titre, puisqu'il combine le suspense d'un roman policier et une atmosphère d'époque. L'écrivain Boris Akounine s'est d'ailleurs fortement inspiré des mémoires de Kochko pour imaginer les aventures de l'inspecteur Fandorine au service du tsar.