Impossible de ne pas penser au Nom de la rose en lisant Druide. Peru a remplacé l'abbaye par une forteresse, et le moine et son apprenti par un druide et ses apprentis. Ce n'est pas un problème en soi, mais la compraison fait mal : on est loin d'Umberto Eco.
En quelques pages nous sommes lancé dans une enquête policière aux enjeux démesurés (son issu pourrait déclencher une guerre), alors qu'on n'a pas encore créé de lien avec les protagonistes. Je me moque de ces royaumes, des tensions politiques et de la menace surnaturelle, si je ne connais pas les personnages.
Dans le Nom de la rose, avant même l'arrivée à l'abbaye, on s'est familiarisé avec Adso et Guillaume de Baskerville, on les comprend, on sait d'où ils viennent, et leur Moyen Âge, rude, inculte et superstitieux nous a plongé dans une atmosphère pesante. Olivier Peru fait l'inverse : il veut nous choquer avec une scène de crime violente, croustillante de détails gores (visages arrachés, corps lacérés, litres de sang sur les murs,...), espérant accrocher le lecteur par cet artifice de série télé. C'est un auteur de BD : c'est visuel. L'auteur n'a pas les mots pour marquer l'esprit. Ça ne prend donc pas, il manque l'investissement du lecteur.
Après quelques chapitres j'ai préféré arrêter. La lecture n'est pas désagréable mais il existe tellement mieux à côté que je préfère ne pas m'infliger ça.