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Ecotopia
7.1
Ecotopia

livre de Ernest Callenbach (1975)

William Weston est un journaliste américain qui écrit dans le célèbre Times-Post. Il a été sélectionné pour rédiger une série de papiers sur ces trois pays qui, il y a vingt ans de cela, ont fait sécession des États Unis. Il pénètre alors en Écotopia : un état quasiment isolé du reste du monde et dans lequel la nature et l’humain sont au centre de la citoyenneté.


Écotopia a été publié en Amérique en 1975, il n’a été traduit en France qu’en 2018. C’est pourtant un livre culte que l’on aurait aimé découvrir plus tôt. Pour apprécier la lecture d’Écotopia il est cependant conseillé de ne pas oublier son contexte d’écriture : dans les années 1970 l’écologie était loin d’être une évidence, c’était même – à en lire les réflexions de William Weston – assez risible. Ainsi le narrateur trouve que pratiquer le recyclage au quotidien est honteux.



Ma chambre est équipée de trois vide-ordures de recyclage et, comme un
bon écotopien, j’ai jeté ces brochures dans celui marqué « P ». Par
bonheur, les citoyens de ce pays ne mâchent pas chewing-gum, car dans
quel vide-ordure faudrait-il le mettre ?



Dès le départ, je me suis donc méfiée de la vision écologique de cet auteur né en 1929. Je me suis trompée. Ernest Callenbach est extrêmement bien renseigné et propose comme dans toute bonne utopie, des solutions qui en 2018 n’existent pas encore (du moins ne sont pas commercialisées ou commercialisables). Il en est ainsi de ce plastique composé de matières 100% organiques qui sert à fabriquer des maisons.


Lorsque William Weston arrive en Écotopia, il est imbuvable. Dans ses articles il communique une image très négative des écotopiens : sexuellement débridés, fainéants, sales. Il estime qu’un tel système économique ne peut que courir à sa perte. Pour lui seul le modèle américain (pourtant en crise) est viable.


J’ai été d’abord un peu gênée par l’écriture journalistique ponctuée de morceaux de journaux intimes. J’avais besoin que ce « presque documentaire » raconte une histoire plus personnelle. Là encore je me suis trompée. Si le début du roman est très journalistique c’est pour mieux montrer l’évolution psychologique du narrateur qui au fil de ses découvertes, abandonne sa déontologie pour donner son ressenti et une vision de plus en plus positive d’Écotopia. William Weston va alors se mettre à vivre en véritable écotopien, tisser des amitiés et profiter des bienfaits de ce jeune pays. Jusqu’au jour où son retour prochain en Amérique devient une réalité.


Écotopia a tout du livre culte. J’aurais aimé le lire en 1970. Et j’aimerais aujourd’hui qu’un auteur écrive l’Écotopia des années 2000.


À lire pour l’espoir, à lire pour les idées de demain

Dadou-lit
7
Écrit par

Créée

le 26 avr. 2019

Critique lue 500 fois

Dadou-lit

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