Les Nazis sont pas gentils!

Ce bouquin c'est une de mes envies depuis presque deux ans sur ce site, alors il est vrai que j'en attendais beaucoup. Peut être trop me direz vous mais voilà, lorsque sur l'image de couverture je lis "Happy Birthday Mister Hitler" ou "1964. Dans quelques jours, et pour un millénaire, ce sera la fin du monde libre" comment ne pas être emballé!

Il faut donc le dire, ce livre est sur-vendu. Peut-être qu'avant 1993 personne n'avait tenté de faire une uchronie sur le régime Nazi encore en place après la guerre mais maintenant, ce livre fait un flop.

Dans un premier temps, il n'est pas bien écrit. Tout du moins le style ne me plait pas. Mauvaise traduction? Possible aussi. Le fait est que certains passages, surtout le début d'ailleurs, sont vraiment pénibles à lire. Cependant plus le livre avance plus le style devient agréable ou moins désagréable, tout dépend d'où l'on débute. Ce point est le moins gênant de tous.

Ce qui me dérange plus, c'est le traitement du sujet. Il s'agit d'un polar dans une uchronie historique qui ferait comme si l'Allemagne avait gagné la guerre de 39-45. Jusque là, super idée, j'accroche direct. Seulement voilà, on nous fait miroiter un secret immonde, quelque chose qui mettra fin au monde libre pour le prochain millénaire, ce n'est pas rien! Et à la moitié du bouquin, on devine déjà ce secret qui n'en est plus un, qui n'est pas de la fiction et qui même s'il reste horrible, terrifiant et rend malade lorsque l'on s'y penche trop dessus, déçoit le lecteur que je suis car quitte à faire une fiction autant aller jusqu'au bout. Je comprends cette envie de mettre sous le nez d'Allemands victorieux l'immondice qui leur fut cachée, même s'ils savaient, et voir leurs réactions mais encore une fois, que ces Allemands soient victorieux ou pas, leur réaction est la même et on la connait. Rien de bien nouveau ici.

Puis, il y a ce parti pris dérangeant qui voudrait que les Nazis soient méchants. Oui, cette phrase peut faire rire mais dans ce type de bouquin je ne veux pas l'avis de l'auteur. Je sais que les Nazis sont méchants pas besoin de me l'écrire toute les deux lignes, de souligner que leur mauvais goût superlatif architecturale tend à compenser la petite taille de leurs appareils génitaux. C'est dommage de porter un jugement qui biaise le roman de fiction. L'immersion est loupée puisqu'elle fait appel à ce que l'on sait du régime alors que celui qui se présente devant nous est censé être neuf et donc sans jugement possible au début. Il y avait largement le temps et les bons personnages pour se faire une idée personnelle de la chose sans en rajouter jusqu'à l’écœurement. Puis il faut dire que le pourquoi de la victoire est assez passé sous silence. J'en suis déçu, pas de débarquement, pas d'explication même modique, ils ont gagné, c'est ainsi. De même l'espèce de guerre froide qui s'en suit me semble peut crédible car trop proche de l'histoire réelle mais passons... Question immersion c'est dur.

Et c'est dommage car l'histoire est bien ficelée, les personnages, qui pour la plupart sont réels (leurs biographies sont corrects jusqu'en 1942, c'est beau), vivent bien entre les lignes, leurs caractères, même un peu caricaturaux par instant, les rendent parfois attachants ou au contraire détestables. On arpente une phase de l'histoire que l'on connait de loin et qui (après recherche de mon côté) s'avère être très bien documentée tout au long du roman. C'est d'ailleurs pour cela que ma note est la moyenne car le fond est intéressant, on reste accroché au livre même si par instant on relève la tête en se disant "Pourquoi!" (d'un air dramatique!) devant les défauts cités plus haut.

Pour conclure, je me suis aperçu en écrivant cette critique que ce bouquin aurait pu avoir la même enquête (à peu de chose près) en 1944 en pleine fin du IIIème Reich au milieu de la pagaille dans les couloirs du pouvoir. Elle aurait gagné en réalisme et en immersion. Il s'agit donc d'un livre à lire pour son fond, la petite histoire qui fait la grande Histoire mais surtout pas pour l'uchronie qui me l'a fait acheter.