Quand la Renaissance se mêle à la Fantasy

La Fantasy est un genre littéraire encore très controversé actuellement. Durant la seconde moitié du vingtième siècle, il a eu le temps de se glisser modestement dans la littérature Anglo-Saxonne. En revanche, dans le milieu francophone, ce fut plus délicat. Combien prétendent encore que ce n'est pas de la véritable littérature, si ce n'est pas pour les geeks ? Là, Gagner la Guerre vient prouver le contraire.


Comme beaucoup de livres du genre, il s'agit d'un roman épais et au background étoffé. Tout d'abord, ce qui m'a frappé à la lecture du premier chapitre, c'est la maîtrise du style. N'ayant pas goûté aux plumes de tous les maîtres et maîtresses de la littérature classique, je dirais que son style, bien que très personnel, est un savant mélange entre la plume de Alexandre Dumas et de son homologue Alain Damasio. Des tournures de phrase alambiquées, une véritable maîtrise de la langue, des descriptions esthétiques et détaillées, un large vocabulaire, le tout rythmé par un narrateur impliqué oscillant parmi une pléthore de registre, ce livre rend un hommage à la langue française et n'a absolument rien à envier à la littérature classique, puisque selon moi, elle s'y inscrit habilement.


En sus d'une forme proche de la perfection, le fond est minutieusement travaillé et savamment exploité. En général, les univers médiévaux-fantastiques puisent leurs inspirations dans l'architecture et de la culture purement médiévale. Ce n'est pas la première fois qu'un livre de fantasy s'inspire partiellement de la Renaissance, comme Le Sorceleur ou la Roue du Temps, mais ici, elle ne s'y cache pas. La Renaissance Italienne apparaît sous toutes ses formes : art, culture, hiérarchie, le récit s'apparente parfois à une fiction historique, dans le sens mélioratif du terme. Bien entendu, des éléments de fantasy viennent s'imbriquer dans cet ensemble déjà dense mais bien cohérent. Des mages coexistent officiellement, et les Elfes ressemblent à leurs homologues du Sorceleur. Seuls les Nains ont des difficultés à se faire une place dans cette histoire, dommage.


En fait, quel est le plus grand défaut du livre ? Moi-même. Il faut avouer qu'il est proche de la perfection. Mais contrairement à la Horde du Contrevent auquel je suis tenté de faire la comparaison, il m'a fallu beaucoup de temps pour accrocher à l'histoire. Passé un premier chapitre très efficace, les pages suivantes, jusqu'à la moitié du livre environ, nous relate des intrigues politiques certes bien menées, mais le tout est très riche en informations et j'ai dû peiner pour retenir tous ces noms. La deuxième partie du livre est beaucoup plus rythmée : elle nous fait découvrir de plus grands panoramas, loin de la ville que j'analogie sans surprise à Florence, et est bourrée d'excellents rebondissements, particulièrement dans ses 100 dernières pages que j'ai dévorées d'une traite tant elles étaient palpitantes.


Même si ce n'est pas un coup de cœur, je dois admettre que Gagner la Guerre est une réussite autant dans le fond que dans la forme.

Saidor
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le 6 août 2016

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