Une moyenne dithyrambique de 8,4/10 sur senscritique et de 4,5/5 sur Babelio. N°1 du top des "meilleurs livres de fantasy française". Voilà qui a franchement attisé ma curiosité. Et cette lecture a effectivement été un vrai régal. J'ai dévoré en quelques jours le quasi-millier de pages.
De quoi ça parle ? De la guerre entre la République de Ciudalia & le Royaume de Ressine. Ou plus spécifiquement de la fin de cette guerre, et de la façon dont la victoire de Ciudalia sur Ressine va aiguiser les ambitions des puissants de la République, entraînant trahisons, complots, roueries et manipulations. A travers le récit couché par écrit par Benvenuto Gesufal, attaché au service du podestat de Ciudalia (fonction fortement inspirée des consuls romains), on va suivre d'un point de vue très bien placé toutes les fourberies, trahisons et conflits pour s'accaparer et tirer bénéfice des fruits de la victoire.
Un premier point qui apparaît dès les premiers paragraphes et qui participe à la qualité de ce roman : Jean Philippe Jaworski est un excellent écrivain. Le vocabulaire est riche, varié, précis. La syntaxe et le niveau de langage sont adaptés aux styles des différents personnages. Les descriptions des paysages et des actions sont ciselées et claires. Bref, on n'est pas sur un amateur en termes d'écriture.
Hormis ça, il y a pour moi deux grandes qualités qui font que ce roman se démarque positivement :
- le personnage principal, qui est également le narrateur, Benvenuto Gesufal : un anti-héros par excellence ! Sa verve, son ingéniosité, son esprit terriblement farouche, mais aussi son impulsivité, ses excès et son ego en font un personnage absolument truculent. Terriblement gouailleur, détestable et attachant, et n'hésitant pas parfois à interpeler directement le lecteur, c'est un véritable plaisir de suivre ses aventures et son récit.
- le world building proposé ici. Les lieux, les personnages semblent vraiment avoir une histoire avec un passé un présent et un potentiel futur (et le soin apporté aux descriptions et à la géographie dans le récit aide à renforcer cette impression). Il y a une sensation de monde organique dans les personnages et les lieux. La lecture de Janua Vera, recueil de nouvelles se passant dans le même univers que "Gagner la Guerre" (et publié avant ce dernier), confirme bien tout le soin que J.-P. Jaworski a mis dans la construction du Vieux Royaume.
De manière plus générale, les retournements de situation, les trahisons, les batailles épiques m'ont tenu en haleine pendant la majorité du roman. On est dans la grande tradition des romans de cape et d'épée, avec des héros hauts-en-couleur et des complots politiques bien retors. En titillant, je pourrais dire qu'à un moment la trame dans la construction des chapitres devient un peu répétitive (surtout après le premier tiers), avec globalement un schema qui se répète : déplacement - attente - situation de combat (provoquée ou subie) qui fait avancer l'intrigue vers une autre direction. Mais c'est vraiment pour titiller.