Gataca
7.7
Gataca

livre de Franck Thilliez (2011)

Thriller/polar à la française, Gataca de Franck Thilliez possède les qualités et les défauts inscrits dans les gènes du genre. Une intrigue complexe mais alambiquée, des personnages torturés et génériques et un style direct sans identité.


Sur fond de manipulation génétique, de rétro virus préhistorique et de darwinisme vulgarisé, Thilliez malmène ses deux flics, autant dans leur psyché que dans leur enquête. Franck Sharko et Lucie Hennebelle, vont de nouveau collaborer pour faire la lumière sur le sombre meurtre de la jeune étudiante Eva Lootz.

Une fois encore dans ce genre de roman, la personnalité des protagonistes est lisse, sans épaisseur. Sharko et Hennebelle n'existe que par leurs souffrances et les tragédies que l'auteur a disséminé dans leur vie. Des carcasses vides, portées par l’enquête, monomaniaques, avec un background structuré uniquement sur un fait précis et d'une violence terrible qui paralyse toute autre tentative d'émancipation psychologique. Des archétypes calibrés pour mener à bien la mission, des James Bond de l'homicide, sur les rails de l'efficacité.

Étrangement, l'auteur opte pour l'histoire d'amour entre ses deux héros, ce qui donne lieu à des scènes mièvres avec des dialogues au diapason. On sent que Thilliez n'est pas à l'aise avec la romance, l'amour, les relations émotionnelles en général. Ses personnages s'engluent lorsqu'il s'agit de nous faire ressentir la moindre émotion. Le premier chapitre sur la disparition des filles de Lucie est très pénible à lire tant s'y concentre les maladresses stylistiques et les poncifs dramatiques. Du vrai terrorisme lacrymal.

Dès que l'écriture se focalise sur l’enquête, Thilliez sait faire preuve d'efficacité et la narration devient alors fluide, les éléments tissent une trame séduisante alliant fiction, échantillons dégrossis de la police parisienne et théorie scientifico-anthropo-génétique. Malgré une base d'intrigue capilotractée, l'ensemble de l'édifice reste solide et les multiples injections de références techniques et scientifiques ajoutent des saveurs stimulantes.

Au final, un bon petit livre de genre, bien documenté, porté par un rythme régulier et séducteur. Dommage que Thilliez ait sacrifié ses deux flics sur l'autel de l'efficacité, affublés d'une psychologie à la truelle et d'une amourette aussi pénible que malhabile.

Je lirai quand même la fausse suite Atomka, ne serait-ce que par solidarité pour cet annecien de naissance.
Alyson_Jensen
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le 29 août 2014

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Alyson Jensen

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