Suite et fin de la Trilogie en 5 livres de Douglas Adams, Globalement Inoffensive ne reprend pas exactement là où l’on avait laissé Arthur dans le tome précèdent. Ici, point de Marvin, le robot maniaco-dépressif, que l’on a définitivement quitté suite à la découverte de l’ultime message de Dieu. Point de Fenchurch non plus, avec qui il vivait une parfaite idylle, mais qui s’est volatilisée suite à un saut impeccable dans l’hyperespace. Et encore moins de Zaphod, porté disparu depuis le tome 3, (le personnage ayant accompli ce qu‘il avait à accomplir).


D’ailleurs, on ne retrouve tellement pas Arthur tel qu’on l’avait laissé, puisque c’est tout d’abord un ancien personnage que l’on avait pas vu depuis le tome 3, qui refait son apparition. Enfin, ancien personnage… un personnage parallèle plutôt, une Tricia / Trillian venant d’un autre univers. Parce qu’il est beaucoup question d’univers parallèles et d’espace temps dans ce dernier tome, de quoi parfois perdre le lecteur, qui tel Arthur Dent pourrait chercher à savoir comment retomber sur ses pattes. A moins que devenir le membre le plus important d’une tribu primitive ne sauve notre héros en donnant un sens à son existence.


C’est aussi l’un des points clés du roman, l’accomplissement de sa vie professionnelle. Tricia cherche à devenir une journaliste vedette en allant à la rencontre de petits hommes verts ayant débarqués dans son jardin, qui ont une mission liée à la Terre, dont ils ont complètement oublié l’objectif. L’ancienne astrophysicienne doit leur apprendre l‘astrologie afin de les aider à retrouver la mémoire. Trillian, l’autre Tricia et elle aussi journaliste, couvre des évènements de guerres intergalactiques et en vient à oublier sa vie de mère. Quant à Ford Prefect, il fait face à une nouvelle ligne éditoriale du Guide du Voyageur Galactique qui lui réserve quelques surprises peu plaisantes. Seul Arthur semble s’être une fait une raison de ne plus jamais remettre les pieds sur Terre.


On voyage bien plus dans ce 5ème tome que lors de son prédécesseur, et j’irai même jusqu’à dire qu’on a une petite pointe non désagréable de retour aux sources, avec un humour bien anglais qui fait tout le charme de la saga, tout en ayant la faculté de devenir sérieux par moment. Les passages sur la nouvelle planète d’adoption d’Arthur sont tordants, surtout avec Sakproubel, un Shaman pas très crédible.



Il leva les yeux vers le ciel, qui était menaçant, chargé et livide,
et se dit que c’était le genre de ciel d’où les Quatre Cavaliers de
l’Apocalypse, sous peine de passer pour une vraie bande de nazes,
n’auraient pas manqué de surgir.



Douglas Adams sait aussi manier la philosophie avec son humour si brillant.



Nous vivons des temps étranges. Nous vivons également dans des lieux
étranges : enfermé chacun dans son propre univers. Les gens avec qui
nous peuplons nos univers sont les ombres d’autres univers entier en
interaction avec le nôtre. Etre capable d’envisager l’incroyable
complexité de ces récursivités infinies pour dire quelque chose comme
: « Eh ! Salut, Ed ! Chouette bronzage. Comment va Carole ? »
nécessite de considérables facultés de vision sélectives ; ces
facultés, toutes les entités conscientes ont réussi à les développer
pour se protéger du spectacle du chaos au milieu duquel elles doivent
se débattre. Alors lâchez un peu la grappe à vos gosses, d’accord ?



Certes, ce n’est pas la qualité des 3 premiers tomes de la Trilogie, mais j’ai beaucoup ri à sa lecture. Et c’Est-ce que j’attend d’un livre de Douglas Adams.


Quant à la fin, j’ai lu à droite, à gauche et même parfois au milieu, qu’elle laissait un gout amer à certain. Moi elle me laisse un gout de « mouaieuuuuh…. Pourquoi pas en fait ?! ». Je m’explique, et pour ça il faut que je spoile dans la joie et l’allégresse :


Toute la partie avec Ford Prefect dans les bureaux du Guide, j’ai lu sur internet que c’était une attaque de Douglas contre l’administration anglaise de l’époque gouvernée par la mère Tatcher. C’est une possibilité, et c’est même fort probable. Mais j’y vois aussi une potentielle remarque sur le monde de l’édition, un peu à la manière d’un « have a cigar » de Pink Floyd. Les vogons, et leur façon très procédurière de diriger la galaxie, ont pris possession du Guide, lui faisant perdre son originalité et son côté artistique. Le Guide est devenu une sorte d’oiseau omniscient qui supprime le facteur humain des recherches faites par les anciens employés. Une fois qu’il s’échappe des bureaux, Ford claquent un sacré paquet de pognons au nom du Guide, pour les ruiner et se venger de ce qu’ils en ont fait.
Je ne sais pas comment a été écrit ce dernier tome, si il s’agit d’une commande obligatoire de la maison d’éditions face au succès des romans de Douglas Adams, mais si c’est le cas, je trouve que ça fait sens. On a un retour aux sources demandés par les fans, j’imagine, c’est drôle, subversif, avec du voyage à travers l’espace… et le temps, et surtout, et bien l’inévitable… est inévitable. Douglas Adams tue l’ensemble de ses personnages sans crier gare. C’est brut comme fin, mais j’y trouve une belle part de sarcasme, comme un doigt d’honneur adressé à son éditeur, du genre « et maintenant, qu’ils sont tous morts, on va faire quoi ? » Et l’éditeur de répondre « un sixième tome pardi ! » Et ils l’ont fait les cons ! Mais ce sera sans moi, Douglas Adams n’étant pas de la partie (le bonhomme a trouvé le moyen de mourir lui aussi), je n’y vois aucun intérêt.

Quick
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le 6 mars 2019

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