Je poursuis donc cette relecture douce des quatre tomes de Twilight, avec un entrain qui cependant commence à s'émousser. Me voilà au troisième tome, "Hésitation", qui a l'époque m'avait beaucoup plu. Cela a décidément bien changé, puisque très clairement c'est avec un peu d'ennui que j'ai progressé dans les drames quotidiens de Bella Swan. On arrive dans la dernière moitié de la saga, et pourtant, force est de constater que finalement... Il ne se passe rien.
Après la "dévastation" puis renaissance du second tome, on se retrouve dans une sorte de nouveau statu quo, avec d'un côté un Edward plus surcôté que jamais, ayant gagné la guerre avant le premier coup de feu, et notre bonne vieille chaussette de Jacob Black, qui attend la première occasion pour se faire lourder de plus belle. Et Bella, au milieu, éternelle indécise, qui découvre ses sentiments mille pages après le lecteur et réussit le joli tour de toujours s'enfoncer un peu plus dans la mouise.
Et on est donc un peu dans la phase molle de la saga, qu'on pourrait qualifier de "nécessaire" au vu de la direction dans laquelle Meyer s'engageait, mais pas très excitante. Parce que globalement, on ne va ici se contenter de ne répondre qu'à une unique question: comment Bella va-t-elle régler ses affaire avec Jacob et Edward? Et cela se ressent fortement, tant le récit est fréquemment miné par des réflexions interminables sur le statut de chacun, ce que chaque décision implique et ainsi de suite. On aurait probablement aimé quelque chose de plus direct, quitte à délaisser le scénario de la poussée contraire d'une Bella qui finira bien par être agaçante.
C'est d'ailleurs une remarque applicable à quasiment tous les personnages (à part Charlie, peut-être, ha!). Edward sera détestable dans son mode habituel de stalker insomniaque, notamment au début du roman, et son romantisme sera ici vicié, complètement hors de propos et régulièrement nauséeux, tandis que Jacob fera le masochiste à se prendre trempe sur trempe sans broncher, ayant juste l'habitude de "teinter son regard de tristesse". A la bonne heure!
Même le scénario présente ses failles: le coup des vampires de Seattle est gros comme une maison, et encore une fois, la "révélation" de qui est derrière tout ça tombera bien, bien à plat. Quant au dilemme cornélien "Edward ou Jacob?", j'ai du mal à imaginer comment Bella peut hésiter, notamment du fait de "l'imprégnation" de routine chez les loups-garous. Comment même souhaiter s'engager avec quelqu'un sachant que 1) Il a de façon certaine une âme soeur quelque part dont il ne pourra plus s'écarter une fois rencontrée 2) Ce n'est pas vous. Bon...
Et d'ailleurs, "dilemme", c'est vraiment flatteur pour cette situation. De choix, il n'y en a pas vraiment tant tout est joué d'avance. Je me rappelais un peu plus de nuances, mais il n'en est rien: décidément, ce tome est assez mal goupillé. Du début à la fin, le "suspens" ne tient pas vraiment. On sait très bien comment ça va finir, et à aucun moment l'auteure ne nous guide sur une piste alternative.
Bon, je vais arrêter le décompte des points désagréables, puisque tout n'est pas noir dans ce récit. L'histoire de Jasper est par exemple assez sympathique, et il y a quelques moments qu'on prendra plaisir à suivre.
J'avais globalement une idée très contrastée du dernier tome, et ne suis donc pas tout à fait pressé de l'attaquer. Pourrais-je perdre un peu de la fibre nostalgique qui m'avait fait relire la saga? Dans tous les cas, je pense entrecouper le cycle avec une autre lecture, peut-être plus sérieuse, et finir tout cela dans des délais plutôt brefs, tant la motivation semble me manquer.