Où il y a du gène, il n'y a pas de plaisir... quoique...

Titre v.f. qui rappelle le Demain, les chiens de Clifford D Simak, bien que la filiation me semble plus une volonté éditoriale qu'autre chose, surtout à la vue du titre v.o. : Where late the sweet birds sang. Mais passons.


Ce roman relate le début de la fin de l'Humanité, lorsqu'un groupe familial comprend, à la fin des années 70, que la dégradation rapide de l'environnement couplé à (et accéléré par) la surpopulation humaine va entraîner un effondrement de la civilisation.


En effet, l'appauvrissement des sols va entraîner famines, migrations climatiques et finalement guerres (évidemment nucléaires)et maladies qui vont quasiment faire disparaître l'Humanité. Je dis bien quasiment, car ce groupe familial, précédemment évoqué va lui survivre.


Ayant anticipé la crise, cette famille s'est installée dans une vallée reculée, et doté d'un laboratoire et d'un hôpital dernier cri dans lesquels ils vont développer vaccins, et banques géniques pour faire survivre tant du bétail que des Humains. Car c'est essentiellement par le clonage que cette famille va maintenir l'espèce en vie, et c'est cela qui occupera le coeur du roman.


Dans la première partie du récit, on suit donc l'équipe de scientifiques dans ses tentatives de créer des clones viables. Comme souvent dans les récits de type "prométhéens", les créateurs vont se retrouver doublé par leurs créations, en ce sens que les clones ainsi créés semblent développer une sorte d'empathie particulière, proche de celle des jumeaux, les clones d'une même personne semblant développer une forme de "connexion" émotionnelle.


Ce qui apparaît au départ comme une force, ces clones développant une sorte de solidarité naturelle, va avec le temps devenir une tare. en effet, le récit s'étalant sur plusieurs décennies, Kate WIlhelm a ainsi le temps d'envisager cette nouvelle Humanité de clones sur le long terme.


On suit donc les difficultés de cette communauté de clones empathes, qui ont finalement énormément de mal à se séparer les uns des autres (ce qui pose problème lorsqu'il faut envoyer des expéditions au-delà de la vallée), et qui sont surtout incapables de faire preuve d'imagination, ou même d'esprit d'initiative.


Leur société, profondément eugéniste (par la force des choses), ne laisse pas de place à ceux qui s'écartent de la norme, les condamnant à l'exil ou la mort (pour les hommes), ou à devenir des "reproductrices", droguées et parquées dans les labos (pour les femmes). Une société qui fait rêver...


Bien que la plupart des partis pris de Kate Wilhelm sur le clonage soient peu crédibles sur le plan scientifique, l'idée de ces clones "jumeaux", connectés émotionnellement, en une sorte de solidarité fusionnelle est très intéressante, et permet pas mal de questionnements et situations qui ne le sont pas moins.


Sa vision de la crise environnementale en revanche, est assez en avance, et fait pas mal écho aux problèmes que nous commençons à rencontrer : épuisement des sols, exploitation outrancière des ressources...


Alors pour savoir si cette communauté de clones va s'en sortir, je ne peux que vous encourager à redécouvrir ce texte (qui vient de ressortir au Livre de Poche), car il en vaut quand même la peine.

M_le_maudit
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le 6 juin 2018

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M_le_maudit

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