A trop mélanger les genres, on n'en représente aucun

Ce roman est-il un thriller? un polar? un roman noir? un doc-fiction?
Ce roman traite-t-il de la faillite du système scolaire? de la radicalisation religieuse? de la banlieue? de la drogue? des erreurs médicales? des désillusions des jeunes enseignants?
Qui est le héros? Qui sont les protagonistes?
Où l'auteur veut-il en venir? Que veut-il me dire?

Quand on n'a pas trouvé de réponses à ces questions aux 2/3 du livre, c'est mal parti pour en obtenir avant la fin de l'ouvrage.

J'ai trouvé que Jonquet s'embarquait dans un sujet vaste et, voulant multiplier les protagonistes et les angles d'attaque, s'y perdait.
Il y a par exemple l'histoire du jeune schizophrène qui décapite sa voisine à mi roman et dont on ne parle plus par la suite, comme si l'auteur s'en désintéressait (mais alors, pourquoi l'évoquer, il y avait suffisamment de matière par ailleurs pour faire un roman).
Il y a aussi toutes ces apartés (quasi systématiques chez Jonquet) sur le judaïsme qui ne sont pas toutes très utiles au récit et le plombent un peu.

Il y a aussi le fait que ces thèmes que traite Jonquet, je les ai déjà lus chez d'autres, bien mieux abordés, bien mieux analysés, bien mieux racontés (Terroriste de Updike sur la radicalisation religieuse des jeunes paumés, les romans de Pelecanos sur les banlieues et la drogue sont les premiers qui me viennent à l'esprit).

Mais le plus gros défaut de ce livre c'est quand, intégrant les émeutes bien réelles de 2005 à son récit, Jonquet noie la fiction dans la réalité et perd le lecteur avec des faits pas assez anticipés pour avoir une place si importante dans le récit : on a du mal à comprendre pourquoi ces émeutes que rien n'annonce dans le roman y prennent soudain une place si importante.

Bref, ce livre m'a déçu.