J’ai découvert Eric Pessan dans une émission récente du Masque et la Plume sur France Inter, où son dernier roman « La nuit du second tour » était au programme. Même si les critiques n’étaient pas unanimes, le sujet du livre m’avait suffisamment intrigué pour me donner envie de le lire. Comme j’aime découvrir l’oeuvre d’un auteur dans l’ordre d’écriture, j’ai fureté parmi sa bibliographie, et le résumé de ce roman intitulé « Incident de personne » m’a plu.


Une nuit, un train se retrouve bloqué en rase campagne. Un passager lie connaissance avec sa voisine. Il lui parle d’enfance, de solitude, de son existence ténébreuse à laquelle il n’oppose plus aucune révolte. Pendant cette interminable attente, un lien se tisse entre eux. Jusqu’à ce que le train reparte …


Le narrateur est un homme solitaire, malheureux, peut-être même dépressif. Il revient d’un séjour de deux mois à l’étranger, un séjour qu’on devine être une ultime tentative pour résoudre les problèmes qui le rongent. Le train qui le ramène à Nantes, où il vit, s’arrête plusieurs heures après un « incident de personne », ce fameux euphémisme utilisé par la SNCF pour désigner un suicide sur la voie. Ces longues heures d’attente donnent l’occasion au narrateur de discuter avec la femme installée à côté de lui dans le train. Il lui raconte son séjour récent à Chypre, mais aussi les ateliers d’écriture qu’il anime depuis plusieurs années.


Ce roman est assez court, c’est sans doute préférable car le sujet ne se prête pas à un long récit. Ici, on assiste finalement à un quasi-monologue du narrateur. Il nous parle de la mort, de la guerre, du suicide, mais aussi beaucoup d’écriture. Il exprime à plusieurs reprises que les ateliers d’écriture sont pour lui à la fois une source de rencontres intéressantes et de souffrances insupportables. A travers leurs textes, les personnes qu’il encourage à écrire déversent leurs secrets, souvent douloureux, qu’il ne peut s’empêcher d’absorber comme une éponge. C’est sans doute ce que j’ai préféré dans ce livre : cette réflexion sur l’écriture comme moyen d’expression de la douleur et du mal-être, comme instrument de libération, m’a beaucoup plu.


Pour autant, ce roman m’a laissé un goût d’inachevé. J’ai aimé certains passages, mais l’ensemble m’a semblé inconstant, sans liant. Le fil des propos que tient le narrateur à sa voisine de train se suit sans déplaisir, mais aussi sans véritable passion. En refermant ce livre, j’ai eu du mal à savoir s’il m’avait plu. Je crois que j’ai aussi du mal à saisir quel est le propos exact de l’auteur dans ce roman. C’est une lecture que j’ai envie de qualifier d’agréable, de sympathique, mais qui ne me restera sans doute pas dans ma mémoire très longtemps. J’espère avoir plus de chance d’être passionné ou enchanté par « La nuit du second tour » du même auteur, que je vais désormais lire.

ZeroJanvier
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le 3 févr. 2017

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Zéro Janvier

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