Quand l'insomnie se délite

Me revoilà dans mes lectures du King par ordre de parution avec Insomnie, roman se déroulant à Derry bien après Ca et mettant en scène des vieux voulant sauver leurs proches.

Alors ce roman partait bien. Déjà parce qu'il se passait à Derry bien après Ca ( je ne spoile pas en disant cela ) et que le roman a le bon goût de mettre en scène des personnages que j'ai croisé au rythme de lectures antérieures à Derry. J'ai bien aimé l'idée de les retrouver mais également de retrouver Derry alors que la ville semblait complètement ravagée à la fin de Ca. A l'époque de ma première lecture ( ce qui remonte à une vingtaine d'années tout de même ), je n'avais pas encore lu Ca et je ne savais même pas que c'était du King ( je connaissais le téléfilm que j'adorais ).
D'ailleurs en lecteur avisé on remarquera que Mike Hanlon est resté à Derry comme bibliothécaire et donc que même après avoir rompu la malédiction il n'a pas profité comme les autres veinards de sa chance.

Bref, l'histoire commence bien. Honnêtement la première moitié du roman est du très bon King. Ca prends le temps pour se placer mais c'est bien fait et c'est un vrai plaisir à lire. On suit avec intérêt l'histoire de Ralph Roberts, charmant septuagénaire, qui découvre peu à peu son quotidien bouleversé par l'insomnie.

Et puis l'histoire bascule sur les auras. Jusque là rien de bien méchant, je me rappelais que l'histoire n'en restait pas qu'à ces histoires d'insomnie mais que c'était un déclencheur.
De la moitié au dernier quart le changement se fait assez rapidement vers l'hyper réalité mais c'est encore agréable à lire. Clairement il y a une différence de niveau et plus l'histoire bascule dans le dur de l'hyper réalité plus l'auteur semble batailler à imager des situations. Une mauvaise surprise qui se traduira dans la dernière partie ( le dernier quart ) qui apparait comme extrêmement brouillon. Cette partie est réellement décevante quand on voit le début du roman et semble bâclée. J'ai vraiment eu du mal à comprendre certains passages tellement ils étaient mal racontés. Le pire étant que la finalité n'apparait que comme un compromis assez peu intéressant.

Du côté des personnages, Ralph et Loïs sont les seuls personnages un minimum consistants. Tout les autres ne font que de la figuration. D'ailleurs même Ed Deepneau n'a presque pas de relief. Il apparait à 3 ou 4 moments et on ne sait presque rien de lui. Le grand méchant de l'histoire quand à lui fait de la figuration à un seul moment. A noter tout de même que le récit se rattache ici à La tour sombre avec des références éparpillées tout le long du récit ( la rose, la tour, Roland, etc, etc ). Ici l'auteur rattache Derry à son histoire principale et tisse des ponts entre ses différents récits. Malheureusement le manque de profondeur de l'histoire ne permets pas d'envisager des liens vraiment solides avec La tour sombre.

On notera enfin que le thème principal de l'histoire, qui est la vieillesse, est plutôt bien traité de bout en bout. L'auteur se montre toujours aussi juste quand il s'agit de décrire des éléments de la vie quotidienne dans leur simplicité.

Bref, Insomnie restera à mes yeux une histoire plutôt gâchée. J'avais gardé un bon souvenir du livre mais la relecture affiche tout de même une nette différence d'intérêt vis à vis de ses précédentes œuvres comme si Stephen King avait eu du mal à clôturer l'histoire.