Intrabasses
7.6
Intrabasses

livre de Jeff Noon (2000)

Pour ce livre, Jeff Noon casse tous les codes. Il commence par s'affranchir de la ponctuation et se contente d'expressions brutes entrecoupées de slashs et de virgules. Le résultat est saisissant. Un peu comme un film tourné caméra à l'épaule, on est placé derrière les yeux du personnage principal. On voit ce qu'il voit, entend ce qu'il entend, sent ce qu'il sent. C'est brut de décoffrage, c'est sale, mais ça marche. On est pris par l'action, on s'identifie au personnage et l'auteur réussit l'exploit de décrire musique, sons et vibrations avec des mots. Un livre qu'on a envie de lire d'une traite.

La musique, parlons-en. Le livre est fourni avec sa BO, un CD enregistré par l'auteur (voix et paroles) et David Toop (production et instrumentation) qui nous plonge un peu plus dans l'ambiance. Quand les personnages du livre jouent, on les entend jouer. Ce n'est plus un livre, c'est une nouvelle expérience sensorielle !

Mais, au delà de la forme, qui vaut le détour rien que pour elle, c'est la trame qui fait de ce livre une vrai réussite. L'auteur nous plonge dans l'univers de la musique et des addictions avec des personnages crédibles et hauts en couleur et avec plusieurs histoires qui s'entremêlent. Les parcours de chaque personnage se croisent sur fond de triangle amoureux et de secrets de familles bien rock and roll. L'histoire est humaine, proche de nous malgré toute son originalité, c'est ce qui la rend belle.

Et la SF dans tout ça ? On n'est pas sûr qu'elle soit là, finalement. Certes, on enregistre de la musique dans des capsules liquides qu'on remixe en les secouant, mais ce n'est finalement qu'un détail. Et le doute plane jusqu'à la fin sur les expériences des personnages : atteinte d'un autre niveau de conscience grâce à la drogue ou simple hallucination collective ? On se croirait de retour dans les années hippies.

Quelques bémol m'empêchent quand même de gonfler la note de ce livre : on se demande souvent si l'auteur n'aurait pas pu faire un peu d'effort sur la forme (quelques passages peuvent être difficiles à saisir), j'ai trouvé la musique trop sombre par rapport à ce qui est sensé être joué dans le livre (funky, c'est le terme employé) et les paroles de musique un peu fades (mais cela est sûrement dû à la traduction, perfectible).
alex-butynski
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs livres de 2014

Créée

le 29 sept. 2014

Critique lue 285 fois

1 j'aime

alex-butynski

Écrit par

Critique lue 285 fois

1

Du même critique

Le Musée du silence
alex-butynski
6

Critique de Le Musée du silence par alex-butynski

Le musée du silence est un très beau livre, évidemment très bien écrit, original tant dans sa forme que dans son sujet et qui ne manque pas de poésie. Cependant, au vu des critiques unanimement...

le 13 oct. 2014

2 j'aime

Un goût de cannelle et d'espoir
alex-butynski
5

Un arrière goût de clichés...

Commençons par les points positifs. L'écriture, bien que simple, est plutôt agréable. L'alternance entre les époques, les personnages et les narrations (classique ou épistolaire) est très bien...

le 7 nov. 2016

1 j'aime

L'Île habitée
alex-butynski
8

Critique de L'Île habitée par alex-butynski

Les frères Strougatski nous décrivent une île peuplée d'habitants aux mœurs bien étranges. Si le terme renvoie aux classiques du genre ("Île" de Huxley, "L'île aux esclaves" de Marivaux...), il ne...

le 29 oct. 2016

1 j'aime