Depuis la fin des années 80, Stephen King nous a habitués au pire et au meilleur, et comme il le dit lui-même dans l'introduction de ce livre, il a écrit de moins en moins d'histoires, mais celles-ci étaient de plus en plus longues. Après, on aime ou on n'aime pas, mais il est une chose qui paraît désormais évidente quand on fait le bilan : depuis 20 ans, le King a perdu de son mordant et de son efficacité. Il fait de moins en moins peur, et pour démarrer une histoire, il lui faut souvent 150 ou 200 pages.

"Juste avant le Crépuscule" est donc un véritable bol d'air pour ses fans : 13 nouvelles, et seulement 388 pages au compteur ! Vous l'aurez compris, SK va directement à l'essentiel, et retrouve un style percutant qui semblait l'avoir quitté pour de bon.

Petite revue de détail de ce qui vous attend :
1. Willa : ça commence plutôt mal avec une histoire plutôt mollassonne et trop descriptive. Un bar, des loups, de la country, on a déjà vu plus passionnant, mais la signification que prend la gare est plutôt bien trouvée.
2. La fille pain d'épice : dans celle-ci, l'auteur évoque le deuil d'une mère, et le sport pratiqué de manière compulsive. Ceux qui ont lu "Duma Key" seront ravis de retrouver les plages de Floride comme lieu de l'intrigue. Un passage excessivement long rappelle les pires pages de "Jessie", mais globalement, le suspense est rondement mené.
3. Le rêve d'Harvey : un banal rêve prémonitoire. SK est capable de mieux que ça.
4. Aire de repos : que feriez-vous si vous étiez témoin d'une agression au beau milieu de la nuit dans les WC d'une autoroute ? Intervenir ou agir quand on n'est qu'un quidam, c'est là toute la question, et Stephen King en tire une nouvelle pleine de suspense qui rappellera à certains "La Part des Ténèbres".
5. Vélo d'appart : encore une idée typiquement "king-ienne" dont je vous laisse la surprise. Le sport est à nouveau présenté comme une activité qu'on pratique de manière compulsive. Le thème de la peinture qui évolue rappelle furieusement "Histoire de Lisey" et "Rose Madder".
6. Laissés-pour-compte : le 11 septembre vu par Stephen King. Il y a un petit côté paranormal pas désagréable, mais l'histoire reste un peu trop simpliste.
7. Fête de diplôme : une nouvelle plutôt banale sur un amour de jeunesse à la sortie du lycée, et puis boum, SK nous prend complètement au dépourvu au détour d'une phrase. Un "instantané" court et efficace.
8. N. : Un compte-rendu sous forme de journal sur l'histoire d'un patient atteint de TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs). Une descente aux enfers absolument palpitante, et le chef d'œuvre de ce recueil.
9. Le chat d'enfer : un fond de tiroir des années 70, dans lequel on retrouve le Stephen King maître de l'horreur. Machiavélique à souhait, ce court récit n'aurait pas fait tâche dans "Danse macabre"
10. Le New York Times à un prix spécial : cette histoire sur le deuil se rapproche thématiquement de la première nouvelle de ce recueil, sauf que cette fois-ci, on se situe de l'autre côté.
11. Muet : ne prenez jamais un autostoppeur sourd et muet quand vous êtes très énervé...
12. Ayana : le cancer, vu par les parents proches d'un malade. Les ficelles scénaristiques rappellent beaucoup trop "La Ligne Verte". Une déception.
13. Un très petit coin : une très belle manière de clôturer ce recueil. Stephen King nous parle de querelles de voisinage, d'enfermement et de vengeance. Angoissant et assurément écœurant !

Dans l'ensemble, j'ai trouvé ce livre très divertissant. Comme il nous le dit en préface, Stephen King a pris un plaisir fou à écrire ces nouvelles, et cela se ressent : oubliez l'horreur et la terreur des années 70 et 80, le King s'intéresse désormais à la psychologie de personnages lambda confrontés à des situations effrayantes du quotidien. La Floride a désormais remplacé le Maine dans la plupart des histoires, et plusieurs thèmes tels que les TOC, le sport, le deuil et l'au-delà semblent désormais faire partie des nouvelles obsessions de l'auteur. Le "Fidèle Lecteur" que je suis attend impatiemment la suite !
chtimixeur
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le 27 juil. 2011

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