Donald Ray Pollock m’avait littéralement troué le c.. l’an dernier avec son premier roman, Le diable tout le temps. Une énorme claque à laquelle je ne m’attendais pas du tout. A la fois totalement barré et parfaitement maîtrisé, dévastateur, sans aucune retenue. Pas un bouquin pour les petites natures, quoi.

A découvrir aujourd’hui ces nouvelles publiées avant le roman, je me dis que le bonhomme sait aussi y faire avec la forme courte. Ce que j’apprécie chez lui, c’est qu’il ne faut pas trois plombes avant de savoir où on met les pieds. Laissez-lui cinq lignes et il vous plante le décor de façon magistrale. Exemple avec la première phrase de la nouvelle intitulée Dynamite Hole : « Je descendais juste des Mitchell Flats avec trois pointes de flèches dans ma poche et un serpent copperhead mort qui me pendait autour du cou comme un châle de vieille bonne femme, quand j’ai surpris un gars nommé Truman Mackey en train de baiser sa petite sœur dans Dynamite Hole. »

Bienvenue à Knockemstiff, Ohio. Le trou de balle de l’Amérique. Une population 100% blanche, désœuvrée, décérébrée, accro à toutes les sortes d’opiacées imaginables et qui vit dans des caravanes où des mobil-homes. On y croise un père ravi de voir son fils casser la gueule à un autre gamin sous ses yeux, une nièce qui joue les racoleuses pour sa tante et drogue le premier clampin venu afin que la tata ait un homme à poil dans son lit en se réveillant le matin ou encore une nana qui adore à ce point le poisson pané qu’elle en garde toujours quelques bâtonnets au fond de son sac à main. Tous ces gens vivent en vase clos. Impensable pour eux de sortir des limites du comté pour aller « découvrir le monde. » Et quand ils tentent leur chance c’est pour être pris en stop par un camionneur aux intentions pas très catholiques. Dix-huit nouvelles pour autant de cas totalement irrécupérables. Y a pas à dire, elle est pas jolie-jolie la vie au fin fond de l’Ohio !

Attention, cette prose au vitriol est dangereuse : ça pique, ça gratte, c’est hautement abrasif et furieusement décomplexé. Vous serez prévenu, lire une nouvelle de D. Ray Pollock, c’est un peu comme s’exfolier au papier de verre. Spéciale comme pratique mais perso, c’est tout ce que j’aime...
jerome60
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le 25 mars 2013

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