L'Affaire Paul Langevin par Kittiwake_

La presse est en difficulté, même si nous sommes un peu en amont de la déferlante du numérique . Et c’est encore plus vrai pour les quotidiens régionaux. A Belprat, c’est calme, très calme, pas de quoi alimenter la une du Matin de Belprat. Pourtant, avec l’arrivée d’un jeune journaliste, se produisent toute sortes de phénomène pour le moins étranges, qui attirent l’attention de lecteurs bien au-delà du cercle fermé des abonnés de Belprat : poissons qui volent, chiens qui se suicident en meute, crop-circles…Le succès médiatique est rapide, de quoi renflouer les caisses, certes, mais le jeune homme toujours au bon endroit pour le scoop finit par être suspect…Jusqu’au jour où il disparaît …

C’est le rédacteur en chef qui nous distille peu à peu le fond de cette affaire, alternant avec un narrateur omniscient qui nous permettra peu à peu d’y voir plus clair.

C’est à la fois drôle et malin, (on soulignera le clin d’oeil à l’éditeur) on est proche de l’ambiance d’un Clochemerle, avec les potins de village, mis à l’heure des médias modernes. Et bien entendu  le trouble dans les esprits ne manque pas de  déclencher une chasse aux sorcières. L’intrigue est bien ficelée, l’auteur nous emmène là où il le souhaite. Bien entendu les pistes les plus évidentes ne tiendront pas longtemps (si obtient le coupable alors que le nombre de pages à lire est encore conséquent, le lecteur avisé se doute que des surprises l’attendent !

Les personnages sont tous des anti-héros, pour leur personnalité et pour leurs aventures, qui relèvent de l’ordinaire, ce qui contraste avec les phénomènes qui provoquent les interrogations  et l’envie de trouver une explication logique à l’affaire. 

Un roman original qui attire l’attention sur le dur métier de journaliste où la nécessité de faire vivre une publication peut entraîner des débordements, vite élucidés dans le cas de ce récit. Mais qu’en sera t-il dans les années à venir avec l’irruption de l’intelligence artificielle et la quasi-impossibilité de démêler le vrai du faux, tandis que l’attrait vers l’irrationnel ne faiblit pas ? 

Un très bon moment de lecture.